mercredi 27 juillet 2016

Père Jacques HAMEL






           "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font".
   
                      Évangile selon Saint Luc  (23,34)



                 Devant un tel acte de barbarie nous, catholiques, nous nous devons de répondre de manière spirituelle pour être à la hauteur du message d'amour au cœur de notre foi. Pourtant comment ne pas être traversé par un sentiment de colère et de révolte devant l'impardonnable impuissance de "l'autorité publique" au plus haut niveau depuis des dizaines d'années, si ce n'est la complicité de cette même autorité, au nom de je ne sais quelle idéologie multiculturelle, communautaire, altermondialiste...., ou d'un vivre ensemble, "cette expression inepte et indécente, qui n'est qu'une blague, une blague sanglante" comme l'a écrit récemment Jacques Julliard.

                 Relisons Saint Augustin pour nous aider à calmer cette colère que le Père Hamel aurait certainement désapprouvée :

         " Je connais des chrétiens qui aiment leurs ennemis. C'est possible, j'en ai fait l'expérience.Si tu penses que c'est impossible, tu n'y arriveras pas. Il faut d'abord y croire et tu découvriras que c'est possible. Et puis, prie, que la volonté que la volonté de Dieu s'accomplisse en toi. Quel avantage tires-tu du côté mauvais de ton ennemi? S'il n'y avait pas quelque mal en lui, il ne serait pas ton ennemi. Souhaite-lui du bien, qu'il mette un terme au mal et il cessera d'être ton ennemi. C e n'est pas sa condition humaine qui fait de lui ton ennemi, mais ses fautes. Comme toi il a un corps et une âme : ce n'est pas la raison de votre inimitié. Il est celui que tu es, vois en lui un frère.

            Souhaite tout le bien possible à ton ennemi. Vous partagez la même condition humaine. Vous avez été modelés de la même glaise, animés du même souffle divin. (.....)  Dieu est notre père, l'Eglise notre mère. Voilà ce qui fait de nous des frères, des sœurs. Invoque ton Père qui est aux cieux et prie pour tes ennemis. Saül n'était-il pas un ennemi de l'Eglise? On pria pour lui et il devint un ami. Prie pour que disparaisse le mal dans ton ennemi. Si le mal meurt en lui, alors il vivra. Une fois morte sa méchanceté, tu as perdu un ennemi, c'est vrai, mais tu as trouvé un ami".

                                    Saint Augustin  (Sermon 56,14)


           " Les maux se multiplient et Dieu l'a voulu ainsi. Ah, ils ne se multiplieraient pas autant, si les méchants n'étaient pas si nombreux ! Les temps sont mauvais, les temps sont difficiles, répète-t-on partout. (...) Les temps sont mauvais, les temps sont difficiles, voilà ce que disent les gens. Vivons bien, et les temps seront bons ! c'est nous qui sommes les temps ! Tels nous sommes, tels sont les temps.

        Mais que faisons nous ? Nous ne pouvons mener au bien la masse des hommes. Soyez bons, vous qui m'entendez en si petit nombre; que le petit nombre des bons supporte le grand nombre des méchants. Ces bons sont le grain, le grain sur l'aire, ils peuvent sur l'aire être mêlés à la paille ce mélange n'aura point lieu sur le grenier. Qu'ils tolèrent ce qui leur déplaît, afin  d'arriver à ce qu'ils cherchent.

        Pourquoi nous désoler et accuser Dieu? Les maux se multiplient dans le monde, pour nous préserver de l'amour du monde. Les grands hommes, les saints et les vrais fidèles ont méprisé le monde dans son éclat; et nous ne saurions le dédaigner dans ses tristesses ! Le monde est mauvais, oui il l'est; et on l'aime comme s'il était bon ! Or, qu'est-ce-que ce monde mauvais ?

      Ce qu'il y a de mauvais, ce n'est ni le ciel, ni la terre, ni les eaux, ni ce qui s'y trouve renfermé, oiseaux, poissons, végétaux. Tous ces êtres sont bons, et ce sont les hommes mauvais qui rendent mauvais le monde. Néanmoins, comme il est impossible que nous rencontrions des hommes mauvais dans tout le cours de cette vie, élevons nos gémissements, je l'ai déjà dit, vers le Seigneur notre Dieu, et supportons le mal pour arriver au bien. Ah, ne blâmons point le Père de famille, car il est bon. C'est lui qui nous porte, ce n'est pas nous qui le portons. Il sait comment gouverner son oeuvre. Fais seulement ce qu'il commande et espère ce qu'il promet".

                                                       Saint Augustin  (Sermon 80,8) 


                    "  Quel est l'amour parfait, sinon d'aimer même nos ennemis et de les aimer pour qu'ils deviennent frères ? Car notre amour ne doit pas être selon la chair. Souhaiter à quelqu'un une bonne santé en cette vie, c'est bien; mais même si cette santé lui faisait défaut, que son âme soit sauve. Tu souhaites à l'un de tes amis longue vie ? Tu fais bien. Tu te réjouis de la mort de ton ennemi? Tu as tort. Mais peut-être, pour ton ami, cette vie que tu lui souhaites est-elle inutile et, pour ton ennemi, cette mort dont tu te réjouis a-t-elle été utile ? On ne sait si, pour quelqu'un, cette vie est utile ou non. Mais la vie auprès de Dieu a son utilité assurément. Aime tes ennemis au point de les avoir pour frères. Aime tes ennemis en sorte qu'ils soient appelés à être en communion avec toi. Car il a aimé de cette façon celui qui, suspendu à la croix,a dit : " Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" (Luc 23,24). Il n'a pas dit en effet : "Père, que ces hommes aient une longue vie;  ils me font mourir, mais qu'ils vivent, eux". Mais que dit-il ? Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. C'est la mort éternelle qu'il chassait loin d'eux par sa prière pleine de miséricorde et par sa souveraine puissance. Beaucoup parmi eux ont cru, et il leur a été pardonné d'avoir versé le sang du Christ. D'abord ils l'ont versé en déchaînant leur fureur contre lui; après ils l'ont bu en croyant en lui." A ceci nous savons que nous sommes en lui, si en lui nous sommes devenus parfaits" (Jean,2,5). A propos de cette perfection qui nous fait aimer nos ennemis, le Seigneur nous recommande : " Donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Matthieu, 5,48). (....) Ainsi, si tu as appris à prier pour ton ennemi, tu marches sur le chemin du Seigneur"

                               Saint Augustin   ( Commentaires sur la Première Épître de Jean, 1,9)




                                         Répondre de manière spirituelle n'empêche cependant pas le catholique que je suis de demander avec force à nos évêques de France, fille aînée de l'Eglise, de nous aider à retrouver le vrai sens de notre foi, à rompre l'optimisme béat qui nous conduits à ânonner avec eux des banalités humanitaires sans référence affichée avec force et conviction à la Croix, au péché, au combat spirituel, à la nécessité de la grâce et des sacrements, de l'enseignement doctrinal, de l'expiation et du sacrifice. (Réf. Philippe Maxence)  .