" Après la parole de Dieu, le noble art de la musique est le plus grand trésor au monde."
Martin LUTHER
Le concert de ce soir consacré à Johann Michael
HAYDN et Wolfgang Amadeus MOZART met à l’honneur la musique sacrée baroque de
la deuxième partie de XVIII ièm siècle. Cette musique d’un clacissisme absolu
est définie par Nikolaus Harnoncourt comme « un art sublime, expression
du malheur, de la souffrance de la mort mais aussi du bonheur, de l’espoir et
de la gratitude. »
Johann Michael HAYDN (1737-1806)
Plus proche de Mozart par son style de musique
que de son frère Joseph, Johann Michael Haydn fut célèbre à son époque comme
compositeur de musique religieuse, et notamment de trois Requiem dont le Requiem
en ut mineur redécouvert au début des années 2000. Ses œuvres
exercèrent une impression durable sur Mozart, son contemporain, mais également
sur certains compositeurs romantiques allemands dont Franz Schubert qui
écrivit : « Que ton esprit paisible, m’enveloppe, mon cher Haydn,
et même si je ne puis être aussi calme et serein, personne sur cette terre,
probablement, ne te vénère autant que moi ».
Ainsi le Requiem de Mozart, écrit 20 ans plus tard, apparaît comme un
hommage appuyé de celui-ci, une reconnaissance émue de ce qui reste le
chef-d’œuvre de Johann Michael Haydn : le Requiem en ut mineur.
Composé en 1771 en mémoire du prince archevêque Sigismond, son mécène,
disparu la même année, il fût joué à Salzbourg en présence de Mozart et de son
père Léopold.
Cette œuvre vibrante par son intensité dramatique, composée par un homme
accablé de chagrin et de douleur après la mort de sa fille et de son mécène,
nous entraine tour à tour dans l’affliction la plus cruelle (Introït),
l’effroi mais aussi la confiance (Dies irae et Lacrimosa),
l’apaisement (Benedictus), et la nostalgie (Agnus Dei) pour s’achever
dans une atmosphère de sérénité majestueuse (Requiem aeternam) et
jubilatoire (Cum sanctis tui) qu’autorise la foi en la miséricorde de la
vie.
Wolfgang
Amadeus MOZART (1756-1791)
La
musique sacrée de Mozart est irriguée d’une grande dévotion à la Vierge Marie,
baignée d’un sentiment de crainte mais aussi de sérénité qui finit par
s’imposer.
Composé en 1781 le Kyrie en ré mineur (KV 431) est
considéré comme un des plus hauts chefs-d’œuvre de la musique de Mozart.
Véritable condensé de l’art et du tragique mozartiens, cet appel à la pitié
divine est aussi une reconnaissance appuyée de la miséricorde.
L’entrée des chœurs éclate comme un cri de détresse et de douleur, suivi
d’une insistante supplication, appel et plainte mêlés, puis d’un apaisement
sans cesse grandissant. Un souffle consolateur éteint alors ces plaintes et le
caractère tragique de cette œuvre d’une grandeur et d’une intensité
incomparables.
Composé en 1791 le motet pour quatre voix Ave verum Corpus
en Ré Majeur (KV 618) est l’œuvre religieuse la plus connue de
Mozart avec le Requiem.
L’idée obsessionnelle de la mort est au cœur de ce motet poignant. La
souffrance, la douleur, omniprésente mais contenue, et enfin une mort sereine
sont, tour à tour, évoquées dans cette prière admirable et profonde,
consolatrice et pleine d’espérance.
Un des nombreux biographes de Mozart exprime parfaitement la beauté de
cette sorte d’absolu de la prière lorsqu’il écrit à propos de l’Ave verum
Corpus : « Et quand des voûtes sacrées, l’Ave verum Corpus
monta pour la première fois au séjour des bienheureux, Palestrina put se se
dire : « Gloire au Seigneur ! mon œuvre est accomplie. On
chante maintenant sur la terre comme le chœur des élus chante dans les cieux ». ».
Composé en 1779 pour Pâques, célébration de la résurrection du Christ,
le motet Regina coeli en Do Majeur (KV 276) est un véritable
hymne jubilatoire à « la Reine du Ciel ». C’est en raison de sa
dévotion à la Vierge Marie que Mozart écrivit ce remarquable motet.
Souvent considéré comme la parfaite illustration de l’idéal salzbourgeois de la musique il sonne comme une explosion de joie : « Regina coeli, laetare », et fait retentir de ses pieuses jubilations la nef des églises.
Si « l’idéal exige une incarnation », les œuvres interprétées ce
soir en sont une formidable illustration. Assurément le surprenant jugement de
Charles Gounod sur le Requiem de Mozart : « Ce n’est pas ainsi
qu’on entre dans une église » !... n’est pas d’actualité !
" Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Valse mélancolique et langoureux vertige."
Charles BAUDELAIRE, Harmonie d'un soir