vendredi 27 septembre 2019

Jacques CHIRAC





                " Un chef, c'est fait pour cheffer".

" Bien sur que je suis de gauche, je mange de la choucroute et je bois de la bière".

                " Ne poussez jamais le chat dans les coins".



                      "Il aimait la vie comme il aimait la France". Cette phrase de Guillaume LARRIVE, député LR de l'Yonne, résume parfaitement l'homme Jacques CHIRAC. L'image de  "l'animal politique" est plus contrastée et moins "œcuménique" ..... Pourquoi avoir refusé de graver dans la Constitution de la V ièm  République les "racines chrétiennes de la France" ? Une faute morale et un calcul politicien qui entachent à jamais un gaullisme revendiqué. Le radical socialiste Chirac n'était jamais loin !

                       Proche des Français, chaleureux, sympathique, il était aux antipodes de l'arrogance et du mépris de ceux qui nous gouvernent depuis 2007. Jamais la crise des "gilets jaunes" ne se serait produite  avec cet homme qui connaissait la "vraie vie" et n'hésitait pas à "tâter le cul des vaches". Tout à la fois "facho mili", humaniste, apôtre de la repentance, défenseur acharné du "modèle social" français, énarque atypique qui préférait sa terre de Corrèze aux lambris de la République, il incarnait tant de visages de la France !......


                                    David Brunat, écrivain et ancien conseiller politique, parle avec humour de cet amour que portait Jacques Chirac à la France et aux Français dans un article intitulé : "C'était la France....et pas n'importe laquelle, celle de Jacques Chirac".






Réf.Le FigaroVox, 27 septembre 2019


  
                                   "Il faisait partie de cette confrérie aujourd’hui en danger qui fume des clopes, roule au diesel et appuie gaillardement sur le champignon. Il préférait la tête de veau au quinoa, il courait les bistrots dans les coins les plus perdus plutôt que les cafés en vue, bâfrait comme un ogre, fumait comme un sapeur, jurait à l’occasion comme un charretier.

La proximité avec les gens lui était comme une seconde nature.
Il avait épousé le parti de cette France qu’on n’appelait pas encore périphérique, ce pays réel et rural, terrien, paysan, qu’il aimait d’amour et sur lequel il avait bâti sa légende et son formidable capital de sympathie accumulé au fil de ses pérégrinations infatigables de foire en comice agricole, de salon en congrès, de meeting en exposition, de visite en conquête électorale. C’était un prince de l’accolade, du serrage de louche, du petit mot qui fait plaisir ou réconforte.

Philippe Bas, qui fut son secrétaire général à l’Élysée et qui lui a consacré un beau livre (Avec Chirac, éditions de l’Archipel), résume merveilleusement les choses : « Charles de Gaulle a beaucoup aimé la France, Jacques Chirac a beaucoup aimé les Français et je crois qu’ils le lui rendaient bien », a-t-il écrit hier sur son compte twitter.

L’amour traversa sa vie. L’amour de son pays et de ses compatriotes. De la politique, de la vie publique, de la conquête du pouvoir et de son exercice. Des femmes. Des arts premiers. Du monde rural. De la culture et de la diversité des cultures.
Il avait fait l’ENA mais il était à mille lieues de l’image que les gens se font, à tort ou à raison, des énarques - dominateurs et sûrs d’eux-mêmes, arrogants et conceptuels. Ce n’était pas, pouvait-on se dire, le gars intimidant et rogue du genre à vous débiter un cours de finances publiques, à vous toiser du haut de son savoir de clerc, à vous apprendre la vie en oubliant de siffler une mousse, de rire de toutes ses dents à des blagues un peu osées, de s’allumer une tige en faisant un bras d’honneur à la Faculté et aux hygiénistes assermentés.
Il devait y avoir en lui bien du mystère et de la complexité, une délicatesse artistique insoupçonnée, mais aussi de la pudeur et de la compassion.

Nombre de nos concitoyens n’auraient pas hésité à partir en vacances avec lui, tout en se gondolant devant sa dégaine de président faisant relâche à Brégançon, une dégaine immortalisée, souvenez-vous, par certaines photographies à la charge comique irrésistible, chaussettes sur mocassins et bermuda.
Il faut dire qu’avec son long nez, ses tics de langage, ses grands moulinets de bras et sa gestuelle saccadée, il fit pendant des décennies le bonheur des imitateurs et des caricaturistes.

Sa dissolution ratée s’éleva au rang d’un gag électoral d’anthologie, d’un fiasco abracadabrantesque (j’étais alors un tout jeune et obscur conseiller dans le cabinet d’un de ses principaux ministres, et tout le monde au sein dudit cabinet comme dans tout l’appareil gouvernemental applaudissait à la mesure, n’imaginant pas une seconde qu’il en résulterait une défaite cinglante et humiliante). Elle fut une mine d’or pour les rieurs. Et il ne fait aucun doute que sa marionnette des "Guignols de l’Info" demeura des années durant l’une des plus drôles, les plus attachantes et les plus justement populaires."




Cela, c’était l’image d’Épinal. Car, ce que le grand public ignorait, c’est que le grand échalas aux appétits insatiables que certains beaux esprits moquaient sans vergogne était aussi, sous l’apparence du  "bulldozer",comme l’avait surnommé son maître Pompidou en rendant hommage à sa façon puissante, vorace, virile, gloutonne, de faire de la politique - un poète en action, où le haïku et les arts premiers tenaient une part aussi importante que méconnue. D’aucuns s’étonnaient de son goût pour le sumo. Mais cet intérêt pour un sport à coup sûr si peu corrézien témoignait du fait que ce Président-là n’était pas d’une seule pièce, tant s’en fallait, et qu’il devait y avoir en lui, en vérité, bien du mystère et de la complexité, une délicatesse artistique insoupçonnée, mais aussi de la pudeur et de la compassion.
C’était un roc, dont le peuple français, qu’il avait fait profession d’aimer, peut se souvenir avec émotion.

Car peut-être que le cul des vaches, les pommes de la campagne de 1995 et l’image bonhomme d’un représentant du peuple enraciné dans la glèbe, d’un gardien de la République des terroirs par ailleurs et pendant si longtemps premier édile de la capitale de la France, peut-être, donc, que toute cette geste patiemment construite et habilement contée dissimulait l’essentiel, à savoir que ce grand fauve politique à la carrière exceptionnelle, exceptionnellement longue et exceptionnellement résiliente, était d’abord un humaniste et un visionnaire sans esbroufe.

 C’était un homme chaleureux et visionnaire : cohésion sociale, protection de la planète à Johannesburg, refus de la deuxième guerre du Golfe", témoigne Catherine Vautrin, qui fut plusieurs fois sa ministre, et que j’ai eu l’honneur de servir.

La "maison qui brûle", le refus de l’aventurisme américain en Irak, la promotion des cultures les plus lointaines et des arts les plus anciens figurent en tête de son héritage politique et sont évidemment loin de se résumer à une banale « politique de proximité » dont tant de discours ambiants nous rebattent les oreilles. Il avait une vision claire des relations internationales et de la place de la France, de sa vocation planétaire dans un monde complexe, et de l’avenir de l’humanité dans le souvenir vivant de ses racines.

Il appartenait à la promotion "Vauban" de l’ENA. Un nom tout trouvé pour un bâtisseur et un preneur de forteresses politiques, un hussard né, "une sorte de cavalier de la steppe" selon la belle expression de son ami Denis Tillinac. C’était un roc, dont le peuple français, qu’il avait fait profession d’aimer, peut se souvenir avec émotion."

            ****************************************************



                    Chaleureux, respectueux du peuple, Jacques Chirac était le Président de la France profonde, le père d'une famille dont il a voulu préserver à tout prix l'unité. Cette obsession de la cohésion sociale l'a parfois conduit à l'immobilisme ou à commettre des erreurs de jugement qui ont pénalisé un pays qu'il chérissait ( pourquoi cet invraisemblable "principe de précaution" inscrit dans la Constitution ?).......


                                        ADIEU  CHICHI !!




              " Allons boire à nos femmes, à nos chevaux et ceux qui les montent".

                      " Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille".

               " Etre dans le vent, c'est un peu avoir un destin de feuille morte".



samedi 7 septembre 2019

ECOLOGIE RAISONNABLE









" Il ne faut jamais privilégier un groupe sur la nation, ni sacrifier l'avenir pour surmonter un embarras du présent".

            Charles de GAULLE


                      Parler de l'écologie et de sa "tête de gondole", le trop fameux "réchauffement climatique", avec intelligence, modération, lucidité et de façon positive est chose trop rare pour ne pas le signaler et faire partager ce rare moment d'intelligence constructive à tous ceux que les excès des uns et des autres indisposent.

                      L'entretien accordé au Figaro par Marc Fontecave, professeur au Collège de France,appartient à ces moments privilégiés.


Réf. : Figaro du septembre 2019  (débats et opinions).


           ************************************************



  Que pensez-vous du succès médiatique de Greta Thunberg ?


                           "Ce feuilleton médiatique de l’été reflète l’état de l’opinion publique vis-à-vis de l’écologie. Médias, politiques et citoyens relayent presque exclusivement un discours alarmiste. Il repose sur quatre principes.

 Première tendance : le catastrophisme, avec l’idée d’un effondrement imminent. Nicolas Hulot, Greta Thunberg ou encore l’écrivain Fred Vargas relayent ce genre d’opinions apocalyptiques qui ne reposent pas sur des faits scientifiques.

 Deuxième tendance : le complotisme, avec la recherche de boucs émissaires (les responsables, ce sont toujours les autres) et l’idée que pouvoirs publics et entreprises ne font rien pour sauver le climat, et de façon délibérée. Rappelez-vous le coup médiatique baptisé « l’affaire du siècle » : des militants ont attaqué l’État en justice pour sa supposée inaction. Et les experts sont systématiquement accusés d’être « vendus » aux lobbies.

 Troisième tendance : le « yakafokon », c’est-à-dire les injonctions morales à la révolution mais l’absence totale de propositions concrètes et de solutions précises.

Quatrième tendance : l’inaction, avec l’affirmation qu’il ne se passe rien, alors qu’au contraire, partout des efforts sont faits, sans doute insuffisamment, pour rendre les activités humaines plus respectueuses de l’environnement. Greta Thunberg nous alerte, certes, mais qui n’est pas alerté aujourd’hui, à part quelques fous furieux ? La question aujourd’hui est celle du « comment".


Vous jugez que le discours des « effondristes » est contre-productif ?


                                   "Les « effondristes » font croire qu’il existe des solutions simples et que le futur est entre nos mains. Mais la France produit 1 % seulement du CO2 mondial : elle disparaîtrait de la carte que ça ne changerait pas le cours des choses s’agissant de l’environnement. Si la transition écologique de notre propre pays doit se faire, elle ne sauvera pas la planète. Je crois que, compte tenu de ses moyens et de sa population, la Chine sera probablement le pays où se fera la révolution énergétique et écologique. C’est elle qui changera véritablement la donne."

                                     "Les « collapsologues » disent que rien n’est fait, mais c’est faux. Des efforts considérables sont menés dans l’industrie pour baisser la production de CO2 et de déchets et faire des économies d’énergie. La chimie, domaine sur lequel je travaille, devient de plus en plus « verte », à travers de nouveaux procédés de synthèse plus économes en énergie et en déchets et de plus en plus biosourcés. Des jeunes chercheurs œuvrent jour et nuit dans des laboratoires afin de trouver des solutions pour le stockage de l’énergie. On peut dire que cela ne va pas assez vite, qu’on manque de moyens et d’investissements, mais pas qu’une bande de voyous ne fait rien parce qu’elle veut à tout prix polluer l’environnement !"


Croyez-vous que la solution à la crise climatique passe par la technologie ?


                                       "La science, la technologie sont continûment pointées du doigt pour les problèmes qu’elles créent. Nous vivons dans une société de défiance totale, qui touche, non seulement les politiques, mais aussi les scientifiques. Moi, j’ai confiance. Je crois en la capacité de l’homme à utiliser ses connaissances pour résoudre les problèmes qu’il a lui-même engendrés. D’ailleurs on sait où sont les marges de manœuvre, ce qu’il faudrait faire, même si nous n’avons pas encore les outils technologiques. D’abord il faut œuvrer dans les transports, en changeant nos habitudes, éviter la voiture individuelle lorsqu’elle n’est pas indispensable, prendre l’avion moins fréquemment. Le stockage de l’énergie, notamment des énergies renouvelables, est aussi un point clé. Il faut également œuvrer pour des économies d’énergie dans l’habitation, en développant l’isolation. Enfin, il est nécessaire de travailler sur la production « verte » d’énergie. Mais les révolutions technologiques ne se décrètent pas. C’est grâce aux efforts combinés de la recherche, de l’industrie qui met sur le marché les nouvelles technologies et du citoyen qui agit différemment que se fera cette révolution."


La France a décidé de stopper la recherche sur la quatrième génération de réacteurs nucléaires. Est-ce une mauvaise nouvelle ?


                                        On ne peut pas dire à la fois que la catastrophe est imminente si l’on ne produit pas moins de CO2 et vouloir se passer du nucléaire. Aujourd’hui, plus de 95 % de notre production électrique est décarbonée. La question des déchets nucléaires est évidemment cruciale, mais de nombreux scientifiques travaillent sur ce sujet. Je n’adore pas le nucléaire, mais il n’y a pas d’autre solution à court terme pour produire de l’énergie électrique décarbonée. D’ailleurs, c’est ce que dit le Giec dans son dernier rapport. Donc la décision des autorités françaises d’arrêter la recherche sur la quatrième génération de réacteurs nucléaires est en effet une mauvaise nouvelle. C’est un mauvais message pour la recherche en général. Et cela va soulever des questions sur le recyclage des matières radioactives et sur l’avenir de l’innovation dans la filière nucléaire."


Faut-il faire confiance aux seules entreprises pour développer la recherche ? Ne vaudrait-il pas mieux s’en remettre à l’État plutôt qu’aux intérêts privés ?


                                           « Où est l’argent pour développer la recherche ? Le budget de la recherche française, loin des 3 % ambitionnés un temps, stationne à 2,2 % du PIB, loin d’autres pays, comme la Corée (4 %). Les budgets et les salaires sont insuffisants, ce qui rend notre recherche peu attractive. L’Europe heureusement soutient quelques programmes, mais c’est également insuffisant."


                                   "Je déplore qu’en France la recherche académique soit encore trop déconnectée de la recherche industrielle. Les industriels ont de l’argent, et savent qu’ils doivent investir dans les nouvelles technologies. Ce sont les entreprises qui feront la révolution énergétique de demain, car ce sont elles qui mettent sur le marché les nouvelles technologies développées dans les laboratoires. Je le dis honnêtement : ma recherche au Collège de France par exemple sur le stockage des énergies renouvelables n’existerait pas sans le soutien de l’entreprise Total. Cela fait-il de moi un grand méchant à la solde des lobbies ? Non, je cherche sincèrement, avec mes jeunes chercheurs, des solutions, par exemple sur de nouveaux matériaux pour transformer l’énergie électrique en carburants, afin de mettre au point des systèmes de photosynthèse artificielle qui demain fourniront, comme le font les plantes ou les microalgues, des molécules carbonées riches en énergie, utiles pour nos sociétés, à partir de soleil, d’eau et de dioxyde de carbone… " 


         ************************************

                   Seule la science et les industriels peuvent mener à bien cette adaptation nécessaire de notre monde aux évolutions climatiques, glaciaires ou torrides, de notre belle Terre qui n'est pas près de disparaître n'en déplaise aux extrémistes de tout poil dont l'ignorance, la bêtise et la malhonnêteté incommensurables n'ont d'égales que celles de ceux qui nous gouvernent. Le dernier épisode sur l'Amazonie en est un pathétique exemple.



" Jusqu'ici, nous avions une politique à la petite semaine. Maintenant , nous avons une politique à la petite journée."

                  Charles de GAULLE