La presse française, toujours à la recherche du" buzz" à tout prix, a surmédiatisé les vingt ans de la catastrophe de l'usine de La Grande Paroisse du 21 septembre 2001. Rien ne nous aura été épargné : le vilain TOTAL propriétaire de "l'usine poubelle" (merci pour les ouvriers de cette usine !...) , seul responsable de cet accident, les interviews bidonnés pour faire pleurer dans les chaumières, la clémence "suspecte" de la Justice, les indemnisations bien entendu "notoirement insuffisantes" (2,5 milliards d'euros tout de même versés par le groupe pétrolier !...), etc., etc...... mais :
PAS UN MOT sur la façon dont a été menée l'enquête. Rappelons simplement que le jour même de l'accident les principaux enregistrements de la salle de contrôle de l'usine et ceux de l'usine SNPE à côté ont été réquisitionnés par les "services de l'Etat".... Le seul responsable est TOTAL, telle sera la consigne tout au long de la longue, trop longue enquête, quitte à ignorer voire manipuler les lois de la Chimie et de la Physique.
Alors, pour rétablir l'équilibre, si ce n'est pour donner la parole à la défense...., je joins la lettre envoyée au Figaro lors de l'ouverture du procès en 2008. Lettre non publiée, bien sur,.... mensonge d'Etat oblige, mais qui m'a valu des remerciements de certaines familles de victimes employées à l'usine.
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Réf. : Billets d'humeur (2001-2008), pages 321 - 323, TLG Paris (2008).
Le Havre, Octobre 2008
AZF, L’IMPOSSIBLE VERITE ?
‘’ Parle si tu as des mots plus lourds que le silence, sinon garde le silence ‘’.
EURIPIDE
Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur cette
terrible catastrophe industrielle survenue il y a 8 ans maintenant. De
nombreuses interrogations subsistent à commencer par le pourquoi d’une enquête
bâclée, si ce n’est orientée, comme si la vérité ne devait pas apparaître au
nom de ce qu’il faut bien appeler un mensonge d’Etat. Les familles des victimes
attendent toujours une explication raisonnable à leur malheur ; peu leur
importe l’origine de l’explosion : dysfonctionnement technique interne ou
externe à l’entreprise, erreur humaine, acte terroriste, … : elles veulent savoir.
L’ouverture du procès me donne l’occasion
d’exprimer mon indignation, ma colère et ma tristesse devant ce mensonge et
cette manipulation scandaleuse.
Indignation devant la façon dont
l’enquête a été conduite, en premier lieu par la Justice qui a affirmé Urbi et
Orbi par la voix du procureur de la République de Toulouse,
quelques heures seulement après l’explosion, qu’il s’agissait d’un accident industriel
à une probabilité de plus de 99 %, et qui, tout au long de l’enquête, n’aura de
cesse d’amener celle-ci à entériner cette affirmation pour le moins étrange et
en tout cas prématurée.
Colère devant la façon dont le drame
humain que représente cette catastrophe industrielle a été appréhendé par une
Justice obnubilée par une obligation de résultat exigé par l’Etat français, à
savoir : il s’agit d’un accident industriel dont le responsable serait la
société Total. C’est effectivement cette conclusion que le juge d’instruction a
validée malgré les nombreux témoignages, indices, avis d’experts et contre-
experts les plus compétents du monde entier et expérimentations à l’échelle
industrielle qui, sans expliquer le phénomène qui s’est produit, démontraient
l’absurdité du raisonnement qui a conduit à retenir la thèse de l’accident
industriel. Faut il rappeler que les reconstitutions en réel de l’explosion du
nitrate d’ammonium dans les conditions supposées par cette thèse n’ont jamais
permis de faire exploser ce produit !
Tristesse face à la terrible épreuve
endurée par les salariés de l’usine et de leurs familles qui, déjà durement
éprouvés par la mort de 21 de leurs collègues de travail, ont du subir tout au
long de l’enquête et au-delà les attaques brutales contre leur usine (‘’usine
poubelle’’) et leur travail (négligence, incompétence, etc..) et vu treize
collaborateurs mis en examen avant d’être mis hors de cause quelques mois plus
tard, à l’exception du premier d’entre eux, le directeur de l’usine, qui
connaîtra son sort à l’issue de ce procès (ndlr : quinze mois d'emprisonnement avec sursis).
Par respect pour les victimes et leurs
familles, puisse ce procès ne pas être une justification du mensonge mais une
recherche de la vérité.
Rémy LAUPRÊTRE, ancien salarié Total
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VINGT ANS APRES, IL N'Y A RIEN A CORRIGER NI AJOUTER : LA VERITE N'EST TOUJOURS PAS CONNUE ..... officiellement !
"J'en ai assez que l'on me dise ce qui est bien à la place de ce qui est vrai."