samedi 7 septembre 2019

ECOLOGIE RAISONNABLE









" Il ne faut jamais privilégier un groupe sur la nation, ni sacrifier l'avenir pour surmonter un embarras du présent".

            Charles de GAULLE


                      Parler de l'écologie et de sa "tête de gondole", le trop fameux "réchauffement climatique", avec intelligence, modération, lucidité et de façon positive est chose trop rare pour ne pas le signaler et faire partager ce rare moment d'intelligence constructive à tous ceux que les excès des uns et des autres indisposent.

                      L'entretien accordé au Figaro par Marc Fontecave, professeur au Collège de France,appartient à ces moments privilégiés.


Réf. : Figaro du septembre 2019  (débats et opinions).


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  Que pensez-vous du succès médiatique de Greta Thunberg ?


                           "Ce feuilleton médiatique de l’été reflète l’état de l’opinion publique vis-à-vis de l’écologie. Médias, politiques et citoyens relayent presque exclusivement un discours alarmiste. Il repose sur quatre principes.

 Première tendance : le catastrophisme, avec l’idée d’un effondrement imminent. Nicolas Hulot, Greta Thunberg ou encore l’écrivain Fred Vargas relayent ce genre d’opinions apocalyptiques qui ne reposent pas sur des faits scientifiques.

 Deuxième tendance : le complotisme, avec la recherche de boucs émissaires (les responsables, ce sont toujours les autres) et l’idée que pouvoirs publics et entreprises ne font rien pour sauver le climat, et de façon délibérée. Rappelez-vous le coup médiatique baptisé « l’affaire du siècle » : des militants ont attaqué l’État en justice pour sa supposée inaction. Et les experts sont systématiquement accusés d’être « vendus » aux lobbies.

 Troisième tendance : le « yakafokon », c’est-à-dire les injonctions morales à la révolution mais l’absence totale de propositions concrètes et de solutions précises.

Quatrième tendance : l’inaction, avec l’affirmation qu’il ne se passe rien, alors qu’au contraire, partout des efforts sont faits, sans doute insuffisamment, pour rendre les activités humaines plus respectueuses de l’environnement. Greta Thunberg nous alerte, certes, mais qui n’est pas alerté aujourd’hui, à part quelques fous furieux ? La question aujourd’hui est celle du « comment".


Vous jugez que le discours des « effondristes » est contre-productif ?


                                   "Les « effondristes » font croire qu’il existe des solutions simples et que le futur est entre nos mains. Mais la France produit 1 % seulement du CO2 mondial : elle disparaîtrait de la carte que ça ne changerait pas le cours des choses s’agissant de l’environnement. Si la transition écologique de notre propre pays doit se faire, elle ne sauvera pas la planète. Je crois que, compte tenu de ses moyens et de sa population, la Chine sera probablement le pays où se fera la révolution énergétique et écologique. C’est elle qui changera véritablement la donne."

                                     "Les « collapsologues » disent que rien n’est fait, mais c’est faux. Des efforts considérables sont menés dans l’industrie pour baisser la production de CO2 et de déchets et faire des économies d’énergie. La chimie, domaine sur lequel je travaille, devient de plus en plus « verte », à travers de nouveaux procédés de synthèse plus économes en énergie et en déchets et de plus en plus biosourcés. Des jeunes chercheurs œuvrent jour et nuit dans des laboratoires afin de trouver des solutions pour le stockage de l’énergie. On peut dire que cela ne va pas assez vite, qu’on manque de moyens et d’investissements, mais pas qu’une bande de voyous ne fait rien parce qu’elle veut à tout prix polluer l’environnement !"


Croyez-vous que la solution à la crise climatique passe par la technologie ?


                                       "La science, la technologie sont continûment pointées du doigt pour les problèmes qu’elles créent. Nous vivons dans une société de défiance totale, qui touche, non seulement les politiques, mais aussi les scientifiques. Moi, j’ai confiance. Je crois en la capacité de l’homme à utiliser ses connaissances pour résoudre les problèmes qu’il a lui-même engendrés. D’ailleurs on sait où sont les marges de manœuvre, ce qu’il faudrait faire, même si nous n’avons pas encore les outils technologiques. D’abord il faut œuvrer dans les transports, en changeant nos habitudes, éviter la voiture individuelle lorsqu’elle n’est pas indispensable, prendre l’avion moins fréquemment. Le stockage de l’énergie, notamment des énergies renouvelables, est aussi un point clé. Il faut également œuvrer pour des économies d’énergie dans l’habitation, en développant l’isolation. Enfin, il est nécessaire de travailler sur la production « verte » d’énergie. Mais les révolutions technologiques ne se décrètent pas. C’est grâce aux efforts combinés de la recherche, de l’industrie qui met sur le marché les nouvelles technologies et du citoyen qui agit différemment que se fera cette révolution."


La France a décidé de stopper la recherche sur la quatrième génération de réacteurs nucléaires. Est-ce une mauvaise nouvelle ?


                                        On ne peut pas dire à la fois que la catastrophe est imminente si l’on ne produit pas moins de CO2 et vouloir se passer du nucléaire. Aujourd’hui, plus de 95 % de notre production électrique est décarbonée. La question des déchets nucléaires est évidemment cruciale, mais de nombreux scientifiques travaillent sur ce sujet. Je n’adore pas le nucléaire, mais il n’y a pas d’autre solution à court terme pour produire de l’énergie électrique décarbonée. D’ailleurs, c’est ce que dit le Giec dans son dernier rapport. Donc la décision des autorités françaises d’arrêter la recherche sur la quatrième génération de réacteurs nucléaires est en effet une mauvaise nouvelle. C’est un mauvais message pour la recherche en général. Et cela va soulever des questions sur le recyclage des matières radioactives et sur l’avenir de l’innovation dans la filière nucléaire."


Faut-il faire confiance aux seules entreprises pour développer la recherche ? Ne vaudrait-il pas mieux s’en remettre à l’État plutôt qu’aux intérêts privés ?


                                           « Où est l’argent pour développer la recherche ? Le budget de la recherche française, loin des 3 % ambitionnés un temps, stationne à 2,2 % du PIB, loin d’autres pays, comme la Corée (4 %). Les budgets et les salaires sont insuffisants, ce qui rend notre recherche peu attractive. L’Europe heureusement soutient quelques programmes, mais c’est également insuffisant."


                                   "Je déplore qu’en France la recherche académique soit encore trop déconnectée de la recherche industrielle. Les industriels ont de l’argent, et savent qu’ils doivent investir dans les nouvelles technologies. Ce sont les entreprises qui feront la révolution énergétique de demain, car ce sont elles qui mettent sur le marché les nouvelles technologies développées dans les laboratoires. Je le dis honnêtement : ma recherche au Collège de France par exemple sur le stockage des énergies renouvelables n’existerait pas sans le soutien de l’entreprise Total. Cela fait-il de moi un grand méchant à la solde des lobbies ? Non, je cherche sincèrement, avec mes jeunes chercheurs, des solutions, par exemple sur de nouveaux matériaux pour transformer l’énergie électrique en carburants, afin de mettre au point des systèmes de photosynthèse artificielle qui demain fourniront, comme le font les plantes ou les microalgues, des molécules carbonées riches en énergie, utiles pour nos sociétés, à partir de soleil, d’eau et de dioxyde de carbone… " 


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                   Seule la science et les industriels peuvent mener à bien cette adaptation nécessaire de notre monde aux évolutions climatiques, glaciaires ou torrides, de notre belle Terre qui n'est pas près de disparaître n'en déplaise aux extrémistes de tout poil dont l'ignorance, la bêtise et la malhonnêteté incommensurables n'ont d'égales que celles de ceux qui nous gouvernent. Le dernier épisode sur l'Amazonie en est un pathétique exemple.



" Jusqu'ici, nous avions une politique à la petite semaine. Maintenant , nous avons une politique à la petite journée."

                  Charles de GAULLE




   
                          

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