samedi 14 mai 2022

ENSEMBLE VOCAL RENAISSANCE : Concert

 



                     "La musique nous prend comme une mère."

                               Charles BAUDELAIRE



          Après deux années de silence imposées par le Covid, l'Ensemble Vocal Renaissance donne son concert annuel le vendredi 20 mai à la cathédrale du Havre à 20h30 sous la direction d'Emmanuelle Pascal Falala, accompagnée par l'orchestre Sinfonietta du conservatoire Honegger. 

            Solistes :

                    Audrey Hiebel, Soprane

                    Anne-Claire Tilly, Alto

                    Pascal Bourgeois, Ténor

                    Jean-Philippe Doubrère, Basse



 Présentation du concert 

                 Le concert de ce soir, consacré à Johann Michael HAYDN et Wolfgang Amadeus MOZART, met à l’honneur la musique sacrée baroque de la deuxième partie du XVIIIe siècle. Cette musique d’un classicisme absolu est définie par Nikolaus Harnoncourt comme « un art sublime, expression du malheur, de la souffrance de la mort mais aussi du bonheur, de l’espoir et de la gratitude ».

  

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                           Johann Michael HAYDN (1737-1806)

 

               Plus proche de Mozart, par son style de musique, que de son frère Joseph, Johann Michael Haydn fut célèbre à son époque comme compositeur de musique religieuse,  notamment de trois Requiem dont le Requiem en ut mineur redécouvert au début des années 2000. Ses œuvres exercèrent une impression durable sur Mozart, son contemporain, mais également sur certains compositeurs romantiques allemands dont Franz Schubert qui écrivit « Que ton esprit paisible, m’enveloppe, mon cher Haydn, et même si je ne puis être aussi calme et serein, personne sur cette terre, probablement, ne te vénère autant que moi ».

                Ainsi, le Requiem de Mozart, écrit 20 ans plus tard, apparaît-il comme un hommage appuyé de celui-ci, une reconnaissance émue de ce qui reste le chef-d’œuvre de Johann Michael Haydn : le Requiem en ut mineur.

               Composé en 1771 en mémoire du prince archevêque Sigismond, son mécène, disparu la même année, il fut joué à Salzbourg en présence de Mozart et de son père Léopold.

                Cette œuvre vibrante par son intensité dramatique, composée par un homme accablé de chagrin et de douleur après la mort de sa fille et de son mécène, nous entraîne tour à tour dans l’affliction la plus cruelle (Introït), l’effroi mais aussi la confiance (Dies irae et Lacrimosa), l’apaisement (Benedictus), la nostalgie (Agnus Dei) pour s’achever dans une atmosphère de sérénité majestueuse (Requiem aeternam) et jubilatoire (Cum sanctis tui) qu’autorise la foi en la miséricorde de la vie.

 

                               Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)


                           L’œuvre religieuse la plus connue de Mozart, avec le Requiem, est le motet pour chœur, orchestre à cordes et orgue,  Ave verum Corpus, en Ré Majeur (KV. 618). Ecrite en juin 1791 pour la procession de la Fête-Dieu, cette œuvre concentre, comme toutes celles composées l’année de son décès, le génie, la pensée et la vie de Mozart.

                  L’idée obsessionnelle de la mort est au cœur de ce motet poignant. La souffrance, la douleur, omniprésente mais contenue, et enfin une mort sereine sont, tour à tour, évoquées dans cette prière admirable et profonde, consolatrice et pleine d’espérance.

                  Un des nombreux biographes de Mozart exprime parfaitement la beauté de cette sorte d’absolu de la prière lorsqu’il écrit à propos de l’Ave verum Corpus « Et quand des voûtes sacrées, l’Ave verum Corpus monta pour la première fois au séjour des bienheureux, Palestrina put se dire : « Gloire au Seigneur ! Mon œuvre est accomplie. On chante maintenant sur la terre comme le chœur des élus chante dans les cieux ».

  

                            Le Kyrie en ré mineur (KV 341) composé en 1781, bien que moins célèbre que l’Ave verum Corpus ou le Requiem,  est considéré comme un des plus hauts chefs-d’œuvre de la musique de Mozart. Véritable condensé de l’art et du tragique mozartiens, cet appel à la pitié divine est aussi une reconnaissance appuyée de la miséricorde.

                L’entrée des chœurs éclate comme un cri de détresse et de douleur, suivi d’une insistante supplication, appel et plainte mêlés, puis d’un apaisement sans cesse grandissant. Un souffle consolateur éteint alors ces plaintes et le caractère tragique de cette œuvre d’une grandeur et d’une intensité incomparables.

 

                            Composé en 1779 pour Pâques, célébration de la résurrection du Christ, le motet Regina coeli en Do Majeur (KV. 276) est une véritable hymne jubilatoire à « la Reine du Ciel ». C’est en raison de sa dévotion à la Vierge Marie que Mozart écrivit ce remarquable motet pour soli, chœur et orchestre.

                 Souvent considéré comme la parfaite illustration de l’idéal salzbourgeois de la musique, il sonne comme une explosion de joie « Regina coeli, laetare » et fait retentir, de ses pieuses jubilations  et de ses alléluias aux accents haendéliens, la nef des églises.

 

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               Si « l’idéal exige une incarnation », les œuvres interprétées ce soir en sont une formidable illustration. Assurément, le surprenant jugement de Charles Gounod sur le Requiem de Mozart « Ce n’est pas ainsi qu’on entre dans une église » !... n’est pas d’actualité !


"Lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore du Mozart."

                 Sacha GUITRY







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