" Science sans conscience n'est que ruine de l'âme."
François RABELAIS
La médecine française ne sortira pas grandie de cet épisode Coronavirus au cours duquel nous assistons en direct à une succession d'affirmations péremptoires sans preuves scientifiques avérées, de contre affirmations tout aussi sujettes à caution, d'attaques ad hominem indignes de ceux qui les profèrent, de querelles de chapelle entre "éminents" professeurs ( un titre bien galvaudé!..), médecins hospitaliers ou généralistes des villes et des campagnes, et d'informations volontairement biaisées de la part des agences régionales de santé complètement dépassées par la situation à l'image de son ministère de tutelle et du gouvernement. Une cacophonie indigne que nous paierons très cher dans les semaines, mois et années à venir.
La querelle picrocholine entre partisans et opposants au professeur Raoult en est un navrant exemple. Dans cette lamentable histoire, non seulement la médecine se ridiculise, mais également la science en général, piétinée sans vergogne par les deux camps.
Une chronique de François Chast, pharmacien des hôpitaux de Paris, remet "l'église au centre du village" avec lucidité et raison :
Réf. : Le Figaro, 14 avril 202
François Chast est pharmacien des hôpitaux de Paris et président honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie.
"Nous aimerions tous que Didier Raoult ait raison"
" L’histoire de l’innovation thérapeutique nous enseigne qu’un devoir de modestie doit guider la recherche scientifique et ceux qui la commentent. Le débat inédit auquel on assiste sur l’hydroxychloroquine ne sera pas clos aujourd’hui - le sera-t-il un jour ?
La chloroquine,
disponible depuis la fin des années 1940, a été un précieux atout dans le
traitement et la prévention du paludisme. Elle a été abandonnée il y a une
trentaine d’années en raison de résistances du parasite. Un de ses proches
dérivés, l’hydroxychloroquine, mis
sur le marché au milieu des années 1950, peu efficace sur certaines formes de
paludisme, est précieux dans diverses maladies inflammatoires comme le lupus et
la polyarthrite notamment. Ce sont des médicaments peu coûteux : quelques euros
par mois permettent de soigner un malade.
Peu coûteuse, facile à
produire, l’hydroxychloroquine n’a cependant pas que des avantages. Elle n’est
pas dénuée d’effets indésirables, comme une toxicité cardiaque récemment
confirmée par une équipe new-yorkaise chez 11 % des malades atteints par
Covid-19. Des risques à relativiser, toutefois, compte tenu de la faible durée
durant laquelle on administre ces médicaments lors de cette maladie. Encore
faudrait-il que, comme tout anti-infectieux, l’hydroxychloroquine soit utilisée
précocement. Or, l’essai de
l’Inserm, «Discovery», incluant des services de réanimation, n’est que
partiellement adapté à cet impératif, ce qui ne manquera pas d’en faire
critiquer les résultats.
La baisse de la charge
virale, présentée comme un critère majeur d’efficacité, ne peut pas préjuger à
elle seule de l’intérêt d’un médicament antiviral.
L’hydroxychloroquine
a montré depuis longtemps son efficacité à l’égard de nombreuses bactéries,
mais uniquement en laboratoire : légionnelles, bacille de Koch (agent de la
tuberculose), salmonelles, listeria, et de nombreux virus responsables des
maladies suivantes (Sida, SRAS, Grippe, Chikungunya, Dengue, Zika, Fièvre
jaune, Ebola, Rubéole, Rage, Hépatites A, B et C, Poliomyélite, etc.). Mais
aucune équipe au monde ne l’a encore utilisée avec succès pour traiter une
maladie virale et plus spécifiquement une pneumopathie à coronavirus (Sras-CoV,
Mers-CoV). Aucun des virus sensibles à l’hydroxychloroquine n’a été sensible à
ce médicament lorsqu’il s’est agi de traiter des malades.
Ces échecs de la
chloroquine ou de l’hydroxychloroquine avaient déjà été observés à l’égard des
virus Ebola, chikungunya et de la dengue. Pire, les résultats obtenus en ce
début avril 2020 à Détroit (USA) dans le cadre d’une étude comparative,
(malheureusement de faible effectif), pourraient faire craindre que
l’hydroxychloroquine soit associée à une dégradation de la fonction
respiratoire des malades traités.
La baisse de la
charge virale, présentée comme un critère majeur d’efficacité, ne peut pas
préjuger à elle seule de l’intérêt d’un médicament antiviral, d’autant qu’on
l’évalue ici par prélèvement nasopharyngé alors qu’il s’agit d’une maladie
pulmonaire. L’efficacité d’un médicament doit d’abord se traduire sur des
critères cliniques.
Même en situation
d’urgence, les essais cliniques ne relèvent pas d’une « dictature des méthodologistes
» comme veulent le faire croire aux médias et au gouvernement les partisans de
l’utilisation de l’hydroxychloroquine. Depuis le Code
de Nuremberg (1947), la recherche médicale doit être fondée sur des bases
éthiques, et depuis 1963, la déclaration d’Helsinki en définit les contours.
Quant au fait que seul le lent développement de la maladie ait permis la
réalisation d’essais cliniques dans le sida, c’est un argument d’autant plus
fallacieux qu’on ne saurait comparer une maladie dont la mortalité était de 100
% jusqu’en 1995 et le Covid-19 dont la mortalité est, en réalité, probablement
inférieure à 1 % si on tient compte des nombreux malades peu symptomatiques et
non diagnostiqués.
C’est bien un lien à la zone d’expansion épidémique
qui impacte ces statistiques, et non les modalités du traitement du Covid-19.
Enfin, la comptabilité de
la mortalité selon les régions, qui traduirait la qualité des soins en région
PACA, voire dans le département des Bouches-du-Rhône, est non seulement
statistiquement fausse, mais révélatrice d’une compétition morbide. Le 8 avril,
on comptait, en PACA, 55 décès par million d’habitant contre 50 en Normandie,
43 dans les Pays de Loire, 35 en Occitanie 33 en Bretagne et 28 en Nouvelle
Aquitaine. Par département, les Bouches-du-Rhône comptaient 71 décès par
million d’habitant, la Loire Atlantique 39, la Gironde 37 et la Haute Garonne
16. C’est donc bien un lien à la zone d’expansion épidémique qui impacte ces
statistiques, et non les modalités du traitement du Covid-19. À ce jour, le
meilleur médicament reste l’oxygène !
Oui, nous aimerions tous
que Didier Raoult ait raison, mais méfions-nous plus que jamais des «
sentiments » ou de la « croyance ». Le fait scientifique n’est reconnu que s’il
est démontré, et seul un essai clinique bien construit peut offrir aux malades
et ceux qui les soignent une réponse fiable. Le doute doit rester le « meilleur
» des conseillers. Travestissez, biaisez, médiatisez, politisez… avons-nous le
droit de perdre du temps et de l’espoir en laissant courir des approximations
ravageuses qui ne font qu’aider le coronavirus à poursuivre sa mortelle randonnée
?"
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Espérons que la raison finira par l'emporter, il y a urgence !
" Il vaut mieux mourir selon les règles que de réchapper contre les règles."
MOLIERE ( L'amour médecin)
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Espérons que la raison finira par l'emporter, il y a urgence !
" Il vaut mieux mourir selon les règles que de réchapper contre les règles."
MOLIERE ( L'amour médecin)
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