vendredi 15 mai 2009

Christophe de MARGERIE

A ceux qui ne connaissent pas Christophe de Margerie, Directeur général de TOTAL, je recommande la lecture du compte rendu de la Commission des affaires économiques de l'Assemblée Nationale en date du 30 Avril 2009. La langue de bois n'est pas sa tasse de thé comme ont pu le vérifier les membres de la Commission; le Président de celle-ci, Patrick Ollier, a d'ailleurs conclu l'audition de Ch.de Margerie en ces termes: " ....je vous remercie de la franchise avec laquelle vous avez répondu. Ces explications étaient nécessaires. Certains d'entre nous avaient dû parler trop vite. C'est que souvent la pression médiatique est très forte (! oui il l'a dit..!).

Quelques florilèges des réponses de monsieur de Margerie aux questions bien médiocres de quelques députés qui le sont aussi:

"...d'une façon générale, j'observe que, trop souvent, l'on nous dit des choses contradictoires. J'insiste, il faut que les élus évitent des déclarations intempestives aux conséquences inverses de ce qu'ils souhaitent: en période de crise, il est bien de soutenir l'économie avec l'argent dont on dispose. J'insiste avec la plus grande fermeté sur le fait que Total investit à l'étranger et, face à la concurrence, parvient à y placer ses ingénieurs et ses équipes, c'est une bonne chose pour la France. C'est toujours ainsi que notre pays a été glorieux. Lorsque j'entends qu'investir en Arabie saoudite c'est délocaliser, je me fâche!.....Tous les parlementaires devraient être fiers quand une entreprise française gagne des contrats à l'étranger.".....

"....Je le dis fermement, nous nous devions d'adapter l'outil industriel à la capacité du marché. On a vu dans d'autres secteurs ce qu'il coûte de conserver un outil surdimensionné."...

".....Un autre point qui me fâche est la méconnaissance du droit du travail. Que plus de la moitié des députés ignorent que l'on n'a pas le droit de s'exprimer avant le comité central d'entreprise est extraordinaire. Dans cette affaire, la presse a été au courant bien avant qu'il ne se réunisse.Pour notre part, elle nous sollicitait depuis quinze jours et nous en étions de plus en plus irrités, mais nous avons résisté.....Permettez- moi de dire qu'il est anormal que cette communication ait été faite par un syndicat. Chacun, sans exception, doit respecter le droit du travail, les organisations syndicales comme le patronat....."

"....Il est faux de prétendre que c'est parce qu'on nous le demande que nous faisons du social, et il n'est pas correct d'affirmer que Total ne fait telle ou telle chose que parce que tel ou tel député ou maire l'a exigé. Ce n'est pas convenable, et ce n'est pas ainsi que nous travaillons..."

".....Les organisations syndicales de la maison demandent que les salariés soient bien payés, et ceux-ci sont contents de l'être. Je pense que lorsqu'on peut augmenter les salaires de ses employés, il faut le faire, même si on les augmente plus que dans les autres secteurs..."


Des oreilles ont dû siffler, mais cela rassure d'avoir une telle personnalité à la tête de cette grande entreprise française.


" Le sublime, ils ne l'ont pas atteint; le ridicule, c'est sûr, ils s'y confinent".NAPOLÉON

2 commentaires:

  1. Bonjour

    Ne sous-estimons pas les parlementaires et surtout ne perdons de vue les objectifs qui les animent.

    Ces personnes qui ont reçu un jour l'aval, voire une carte blanche de leurs électeurs savent très bien qu'un jour ou l'autre, cette "lettre de mission" devra être renouvelée auprès d'eux.

    Il y a donc un docteur Jekyll et un mister Hyde chez tout député.

    L'un, très au courant des affaires, sait très bien les tenants et aboutissants des dossiers qui passent et repassent devant lui, l'autre devant un jour ou l'autre retrouver le suffrage électoral fera ce qu'il peut pour se montrer sous ses meilleurs hospices, quitte à masquer, travestir ou même nier la vérité.

    Les parlementaires qui "causent" dans les médias, devant les usines, devant les assemblées jouent le rôle que le "peuple" attends d'eux, eux savent très bien qu'ils masquent, travestissent et mentent mais ils ne peuvent faire autrement, la loi du peuple leur tranchera le cou.

    Mais les parlementaires entre eux, qui se serrent la main avec connivence dans les couloirs du Palais Bourbon ou du Palais du Luxembourg connaissent très bien la vérité.

    L'exercice auquel Christophe de Margerie s'est livré était facile, il prêchait devant des connaisseurs, des docteurs Jekyll ou des misters Hyde ?

    Là par contre je vous laisse conclure.

    :-)

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  2. Il est étonnant qu'un observateur aussi aiguisé que vous, particulièrement sensible à ce qui touche Total, n'ait pas jugé bon de commenter le classement des "entreprises qui séduisent les français " publié hier par Les Echos.

    On y apprend que Total est bon dernier, ce qui ne surprendra pas, mais, plus curieusement, que cette place serait due en partie au sentiment assez répandu que Total aurait une attitude déplorable vis à vis de ses salariés !

    Comme le souligne fort justement Jean-Luc, les députés,issus du suffrage universel, ne peuvent négliger l'humeur populaire dont ils tirent leur légitimité : telle est la loi de la démocratie; la loi du peuple souverain !

    Aussi, je n'opposerai pas le brio de Monsieur de Margerie à la médiocrité des députés car chacun a joué correctement sa partition sur la scène du grand théatre de la vie publique. Ce n'est peut-être pas tel ou tel acteur qui est à critiquer, mais peut-être le scénario de la pièce lui-même !

    Pour en revenir à mon propos initial, le véritable brio que pourrait nous montrer Margerie consisterait à infléchir l'image déplorable de TOTAL dans la population plutôt que de faire quelques bons mots devant un parterre de comparses.

    Il se dit (Libération du 15 mai) que Margerie aurait eu l'idée de lancer une grande campagne publicitaire en distribuant des paillassons siglés Total afin que chaque français puisse s'essuyer les pieds dessus. Même s'il s'agit en l'occurence d'un nouveau trait d'esprit, ce n'est sans doute pas de cette manière qu'il y parviendra...

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