mardi 23 octobre 2018

ECOLOGIE : Et si le bon sens l'emportait ?



     "La terre n'est belle que par la vie qui s'y déploie".

                     Fabrice HADJADJI


           Très belle chronique du philosophe Pierre-Henri TAVOILLOT qui pourrait inspirer tous les ayatollahs verts qui conduisent le monde à sa perte avec la bénédiction du GIEC  noyauté par des pseudo savants sous l'emprise de politiciens sans scrupule.


Réf. : Le Figaro  22 octobre 2018  "débats"






Avant première Nouveau Écologie : pourquoi il faut préférer la logique des petits pas à la Révolution

                                  " La voilà revenue, la révolution! Normal, dira-t-on, puisque son retour est compris dans son concept. Mais je note qu'en chemin, elle a tout de même changé. Elle était rouge ; elle est devenue verte. Elle annonçait un avenir radieux ; elle prophétise un futur piteux. Elle espérait, jadis, une société sans classe, elle craint désormais une planète sans vie! Et le récent rapport du Giec vient alimenter la conviction du dernier appel avant la fermeture de l'horizon, comme d'ailleurs le précédent, et même celui d'avant. «Pour limiter le réchauffement planétaire à un degré et demi, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société.» Tiens, cela me rappelle quelque chose: «Revoluciòn o morte!»

Il ne me viendrait pas à l'esprit de nier la réalité du changement climatique et l'importance de ses conséquences: cela est établi et tous les savants convergent. Mais c'est sur les moyens politiques à mettre en œuvre que je me sens comme un citoyen désemparé, troublé par l'ampleur de l'injonction et le flou des moyens pour y parvenir. Par où l'on voit resurgir aussi un vieux débat: l'opposition entre réforme et révolution.

D'un côté, l'idée que le salut viendra d'un changement total de direction. Quand on s'est trompé de route, il ne sert à rien de ralentir, il faut faire demi-tour. Il faut donc opérer, comme au ski, une véritable «conversion», et j'utilise ce terme à dessein, car j'y vois le dernier avatar en date de notre esprit religieux. Une bonne Apocalypse: voilà qui permet de remobiliser les fidèles et de réenchanter le monde. Mais deux questions se posent tout de même: dans quel sens et comment?





                            L'objectif est clair: il faut limiter le réchauffement planétaire à un degré et demi. Bien! Comment? Par la réduction de l'émission de carbone. Fort bien! Comment? Grâce à la transition énergétique. Parfait! Qu'est-ce que cela veut dire? Et c'est là que les choses se gâtent. Après la lumineuse clarté de l'objectif général, on passe à l'obscurité contradictoire des solutions pratiques. Le diesel, détesté pour ses particules, serait peut-être moins nocif pour le climat que l'essence même sans plomb ; le nucléaire, abhorré pour ses déchets, est beaucoup moins toxique que les centrales à charbon ; l'éolien et le solaire, loués pour leur renouvelabilité, ont des inconvénients que l'on découvre peu à peu (besoin en métaux rares, production par intermittence), y compris pour le climat.

              Bref, la question de la politique à mettre en œuvre concrètement, de ses priorités et de ses urgences, est très loin d'être claire. Il faut ajouter que les marges de manœuvre politique sont faibles. À moins de passer en régime «dictature verte» - ce que certains souhaiteraient, il faut faire avec ceux qui ne sont pas prêts à sacrifier immédiatement leur vie aux générations futures, d'autant que ces sacrifices pourraient bien être vains (puisque les politiques à mener ne sont pas claires).

                             Imaginons même que le Giec  conçoive une politique claire, efficace et garantie pour lutter contre le changement climatique: elle supposerait d'abord des accords mondiaux sincères, sauf à ce que les plus vertueux soient les plus pénalisés ; cette politique exigerait en outre une puissance budgétaire dont la France ne dispose pas, vu sa dette abyssale ; elle réclamerait aussi une légitimité politique totale que l'on ne trouve que dans les temps de guerre. Alors oui! On nous dit que c'est la guerre ; guerre à la fois contre le temps qui passe et le temps qu'il fera. Mais, à moins d'être Don Quichotte, je ne vois pas qu'on ait jamais réussi à lutter contre cela. C'est d'ailleurs étrange de voir comme la dénonciation de la toute-puissance humaine qui va tuer la planète produit l'idée d'une hyperpuissance humaine qui peut la sauver, après une humble repentance et une révolution décroissante. Il y a décidément dans cette science-là un peu trop de morale à mon goût. Et trop peu de politique.






                               Ce n'est pas le cas de l'autre option, dite politique des petits pas ou jadis nommée réforme. À la logique de conversion, elle préfère ajuster l'action par un système pragmatique d'essais, d'erreurs et d'évaluation en tenant compte des innovations et des effets pervers imprévus. Alors, certes, on dira: «Pas à la hauteur des enjeux!» , «inconsciente de l'urgence!». Je pense, au contraire, que c'est la seule action qui soit moralement responsable tandis que le révolutionnaire ne vit que dans l'éthique de la conviction. Cette politique des petits pas exige donc qu'on renoue avec la politique.

               Qu'est-ce à dire? D'abord que la France notamment retrouve une marge de manœuvre budgétaire. Ensuite que l'Europe devienne une puissance (et non pas seulement un marché ou un droit). Enfin que les innovations technologiques soient soutenues pour que la lutte contre le changement climatique et l'épuisement des ressources ne soit pas que défensive ou punitive. L'incantation pour «sauver la planète» d'un cataclysme, qui est décrit aujourd'hui comme inévitable, est devenue, de manière paradoxale, un frein à l'action et une invitation au fatalisme. D'autant que la révolution est comme la vertu, on l'attend plus souvent des autres (de l'État, de la Chine, des «gens») que de soi-même: le souhaitable doit y remplacer d'un seul coup le réel. Tandis que la réforme, elle, s'oblige à examiner le souhaitable et le réel pour déterminer le possible et s'y tenir ".

                                           P-H TAVOILLOT

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                 Sera t'il possible un jour de "faire" de l'écologie intelligente au service non seulement de notre chère planète qui saura toujours affronter et surmonter les cycles climatiques qui ont déjà perturbé son histoire, mais aussi pour le bien être de ses occupants souvent "dissipés" mais toujours raisonnables quand cela est nécessaire, à condition de ne pas les prendre pour des imbéciles voire des demeurés mentaux ?... 


   " On ne mérite rien de beau, de bon, de grand sans sacrifice ".

                           André  SUARES











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