samedi 28 décembre 2019
BONNE ANNÉE !
" Quand un jour, tôt ou tard, il faut qu'on disparaisse,
Quand on a plus ou moins vécu, souffert, aimé
Il ne reste de soi que les enfants qu'on laisse
Et le champ de l'Effort où l'on aura semé."
Charles de GAULLE (1924)
"Ecoutez-moi bien, il y a trois flammes en France, qui toutes les trois ont fait, d'une certaine manière, la nation française et dont il faut que nous les ayons avec nous et parmi nous.
Il y a ce que j'appellerai la flamme sociale. La flamme de ceux qui ne veulent pas de l'injustice sociale, qui veulent faire en sorte que chaque français ait sa place, sa part en France et que les hommes aient leur dignité. Cette flamme est la nôtre.
Il y a la flamme plus proprement chrétienne qui, d'ailleurs, au fond, est de la même source que la première et inversement. La flamme chrétienne, nous sommes un pays chrétien, c'est un fait. Nous le sommes depuis très longtemps.
(....).
Enfin il y a la flamme de la tradition. Cela est une chose qui existe dans notre pays et qui doit exister. On ne peut pas faire la France en reniant le passé tous les jours. Tout se tient. (.....) . La flamme de la tradition est indispensable pour rebâtir un grand pays. La flamme de la tradition, elle est aussi la nôtre."
Charles de GAULLE (1950)
"La maîtresse de maison, la ménagère, veut avoir un réfrigérateur, elle veut avoir une machine à laver, et même, si c'est possible, une auto; cela, c'est le mouvement. Et en même temps, elle ne veut pas que son mari s'en aille bambocher de toutes parts, que les garçons mettent les pieds sur la table, et que les filles ne rentrent pas la nuit; ça c'est l'ordre. La ménagère veut le progrès mais elle ne veut pas la pagaille, eh bien! c'est vrai aussi pour la France. Il faut le progrès, il ne faut pas la pagaille."
Charles de GAULLE (1965)
"Où trouver des mots assez bleus
Pour te dépeindre tout entière
Comme un saphir miraculeux
Sur une bague de lumière.
Où trouver des mots assez purs
Pour exprimer assez limpides
Les mauves et mouvants azurs
De tes bords calmes et candides.
Où trouver des mots assez doux
Pour dire, sur les sables pâles
Où ton flux monte au rendez-vous,
Qui trouble, à peine encore, ton rêve.
(......)
Mais je t'adore inaccessible
Sans rivages et sans retour:
Mer aussi douce, aussi terrible
Que le terrible et doux amour."
Jeanne NABERT (A la mer, Audierne 1903)
BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2020 !
" Passent les jours et passent les semaines,
Ni le temps passé, ni les amours reviennent,
Sous le pont Mirabeau coule la Seine."
Guillaume APOLLINAIRE
vendredi 20 décembre 2019
RETRAITES ET ACTIFS : COUP DE GUEULE
" Le "Nous" national éclate en une multitude de "nous" corporatistes et tribaux."
Jean-Eric SCHOETTL
Une fois n'est pas coutume ce "coup de gueule" s'adresse à un chroniqueur du Figaro, Maxime Sbaihi, affilié au "think-tank" ( groupe de réflexion en bon français...) GénérationLibre, qui s'éléve avec virulence et fatuité contre la soi-disant injustice du système de retraites par répartition qui favoriserait outrageusement les "retraités" au détriment des malheureux "actifs" obligés de payer les pensions dorées de leurs aînés!
On trouvera ci-après l'intégralité de cette tribune à charge commise par un jeune crétin inepte et arrogant, sans foi ni loi, qui manifestement ignore tout du monde du travail et des efforts fournis par ses ainés pour reconstruire un pays exsangue et lui laisser une France alors riche et prospère.
Réf. : Le Figaro ,19 décembre 2019, Champs Libres : Maxime
Sbaihi
« Nos
choix en matière de retraites protègent les seniors au détriment des jeunes
actifs. »
"Laisser un monde meilleur à ses enfants. C’est ce que chaque génération
promet à la suivante dès le berceau. Un contrat implicite et multiséculaire qui
justifie le progrès et donne, pour beaucoup, un sens à l’existence. Or le
pénible épisode que nous traversons avec la réforme des retraites révèle que ce contrat a été déchiré.
Notre système de retraites par répartition fonctionne en roulement permanent par un transfert de
richesse des générations actives vers des générations de retraités.
Contrairement à une croyance répandue, on n’y cotise pas pour sa propre
retraite, ce sont les cotisations des actifs d’aujourd’hui qui payent les
pensions des retraités d’aujourd’hui. Or qui sont ces derniers ? Principalement
la première vague de la génération des baby-boomers, plus précisément ceux nés entre 1946 et 1955, qui ont commencé à partir à la retraite vers 2006.
Quand eux avaient le rôle de cotisants, les retraités étaient peu nombreux,
actifs jusqu’à 65 ans et ne faisaient pas de vieux os. Leur prise en charge
était indolore pour le reste de la société.
Les retraités d’aujourd’hui ont quitté le marché du travail plus tôt,
vers 60 ans, puis entamé une deuxième vie grâce à une espérance de vie qui a
bondi de quatorze ans lors des soixante dernières années. Ils étaient 15
millions au dernier comptage et leurs rangs vont continuer à grossir. La France
se retrouve face à une situation inédite : ses retraités n’ont jamais été aussi
nombreux ; les mêmes n’ont jamais vécu aussi longtemps et coûté aussi cher aux
générations actives. Ils fragilisent une mécanique par nature hypersensible à
la démographie en déséquilibrant dangereusement la répartition : il y avait 4
actifs pour 1 retraité en 1960, il ne reste aujourd’hui plus que 1,7 actif pour
1 retraité.
Voilà des décennies que la vague des baby-boomers remonte la pyramide
des âges sous les yeux aussi indifférents qu’irresponsables de l’État et des
syndicats gestionnaires. Pour régler
l’addition toujours plus salée, ce sont les actifs qui sont systématiquement
mis à contribution. Les taux de cotisation ne cessent de grimper, du moins dans
le privé, alors que le niveau des pensions n’est jamais
remis en cause. Emmanuel Macron a bien tenté de
réaligner le taux réduit de CSG des retraités sur celui des actifs mais a vite
fait marche arrière pour limiter la casse aux européennes. Pari gagnant, les
plus de 60 ans l’ont récompensé en votant majoritairement pour son parti.
Grâce à leurs effectifs et à leur participation électorale, les retraités sont aujourd’hui le plus influent lobby politique de France. Voilà pourquoi ils ne sont jamais la variable
d’ajustement d’un système de retraite qui leur est pourtant trop favorable. La
France fait en effet partie, avec le Luxembourg et l’Islande, des rares pays de
l’OCDE où le revenu moyen des retraités est supérieur à celui des actifs. Le
taux de pauvreté des retraités français est d’ailleurs le plus bas de toutes
les tranches d’âges, trois fois inférieur à celui des jeunes. Quant à leur
patrimoine mobilier et immobilier, il est sans commune mesure avec celui des
actifs. Ces statistiques recouvrent bien sûr des situations individuelles différentes,
et difficiles pour certaines, mais mettent le doigt sur une réalité gênante : pour la première fois de l’histoire de France, les
retraités sont en moyenne mieux lotis que les actifs
Ce grand dépassement des actifs par les retraités est
une conséquence directe d’un système par répartition mal calibré pour encaisser
la déferlante des premiers baby-boomers. À force de prendre les actifs pour des mules à
charger, le partage des richesses entre cotisants et retraités s’est déformé en
faveur des baby-boomers. À force de prendre un
sens unique, la solidarité intergénérationnelle ressemble à s’y méprendre à de
la spoliation.
Dans Le Destin des
générations, paru en 1998, Louis Chauvel avait déjà magistralement analysé les
inégalités générationnelles en France. Le contraste actuel entre cotisants et
retraités baby-boomers est saisissant. D’un côté une génération qui a connu le
plein emploi, la croissance forte, le logement accessible, les cotisations
faibles, et désormais des retraites confortables ; de l’autre de jeunes
générations qui galèrent à trouver un boulot, croulent sous les prélèvements,
rêvent de pouvoir acheter un logement et font une croix sur leurs
retraites. « La génération entrant aujourd’hui sur le marché du travail
aura un taux de remplacement environ 10 % plus faible après une carrière
complète que celle née en 1940 tout en partant à la retraite au moins quatre
ans plus tard pour bénéficier du taux plein », prévient l’OCDE au sujet de la
France dans son dernier rapport.
La responsabilité
collective n’existe pas et nombreux sont les retraités tellement conscients de
l’injustice du système qu’ils tentent de la corriger dans l’intimité des
familles. Cette solidarité volontaire est bienvenue mais privatiser ainsi la
correction des défaillances de la collectivité publique ne peut se faire qu’au
détriment de la mobilité sociale. Un régime à points rendrait le système davantage lisible, plus juste et
mieux adapté aux aléas démographiques et économiques. Réformer l’usine à gaz de
la répartition est une ambition louable, à condition de demander des efforts à
toutes les générations parties prenantes du système. Malheureusement, le choix
politique qui a été fait exonère de réforme les baby-boomers, et tous ceux nés
avant 1975, pour l’appliquer à leurs seuls enfants et petits-enfants.
L’équité entre générations est un problème devenu plus
large que les retraites. Les nouvelles générations vont aussi devoir mettre la
main à la poche pour financer le risque de dépendance alors que les
baby-boomers vont peu à peu perdre leur autonomie. De quoi fissurer un peu plus les fondations d’un État-providence qui
semble décidément avoir choisi le camp des seniors."
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Non!, Monsieur Sbaihi, "l'Etat Providence" que vous semblez considérer comme seul responsable de la fracture sociale dans notre pays n'a pas à jouer ce rôle providentiel qui finalement vous arrange tant, puisque cela permet aux insatiables bénéficiaires des "droits acquis" de vivre aux crochets de la société et de n'avoir aucuns devoirs envers elle....et notamment envers ceux, les retraités, qui vous ont confié un pays alors dynamique,moderne et.... travailleur, si ce dernier mot vous dit encore quelque chose.
Retroussez-vous les manches et travaillez ! Réapprenez à vos enfants le sens de l'effort ! Cessez de vous plaindre et de reporter sur les autres, les retraités en l'occurrence, toutes les difficultés actuelles qui assombrissent l'avenir de notre pays! Ressaisissez-vous !
Cessez de réfléchir à longueur de temps : AGISSEZ !
PS. : le débat actuel pour l'instauration d'un système universel à points est un autre débat tout à fait légitime et qui trouvera une issue favorable pour le pays et son développement, si tant est que des "penseurs" aigris et improductifs ne polluent pas le débat. Le politiquement correct cher aux bobos du soi-disant "nouveau monde" n'est-il pas l'inénarrable " Vivre ensemble", y compris avec les retraités nantis monsieur Sbaihi, ne vous déplaise......
" Une société de défiance, frileuse, gagnant-perdant, où la vie commune est un jeu à somme nulle, voire à somme négative."
Alain PEYREFITTE, "Le Mal français " (1981). Prémonitoire !....(NDLR)
jeudi 19 décembre 2019
MACRON ET LA NATION

" La République, c'est le peuple! On n'est pas la République quand on n'a pas le peuple avec soi."
Charles de GAULLE
L'inexorable descente aux enfers de notre beau pays s’accélère par l'action conjuguée d'un Président et d'un gouvernement dont l'orgueil (l'hubris chère aux communicants...) n'a d'égal que son amateurisme, voire son incompétence, et de syndicats accrochés à leurs privilèges d'un autre temps et dont le sectarisme haineux n'a d'égal que leur pouvoir de nuisance imbécile revendiqué et assumé au nom d'une légitimité qu'ils ont perdue depuis fort longtemps.....
Dans sa dernière chronique Max Tandonnet analyse avec justesse et sans complaisance la crise que traverse la France depuis quelques semaines et rappelle fort à propos les conditions nécessaires au bon fonctionnement d'une politique qui se veut démocratique.
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Réf. : 17 décembre 2019, Le
FigaroVox :
« Entre la nation et sa classe dirigeante, une guerre civile
froide. »
"Ce n’est
plus un fossé, mais un abîme, un gouffre.
Avec la crise sociale, d’une gravité sans précédent depuis décembre 1995,
succédant à plusieurs mois du mouvement des Gilets Jaunes, la guerre civile
froide entre la nation et la classe dirigeante atteint son paroxysme. Le
contenu de la réforme des retraites, dans ses aspects économiques, sociaux et
juridiques, n’est plus l’essentiel. La crise est devenue politique,
passionnelle. De sondages en sondages, il se confirme que plus des deux tiers
de la population soutiennent les grévistes. Cette dernière ne combat pas pour
l’essentiel, la modification d’un régime social. Elle est entrée en rébellion
contre une décision emblématique de la fracture démocratique, qu’elle ressent
majoritairement comme un affront, une humiliation, imposée par une équipe
dirigeante hors sol et une remise en cause du pacte social.
Jamais dans l’histoire contemporaine, l’incommunicabilité,
l’incompréhension entre une nation dans sa majorité et ses élites politiques
n’aura atteint un tel sommet. Rien
n’est plus étrange que l’aveuglement des politiques qui ne sentent pas à quel
point leur parole est discréditée. La démission de M. Delevoye, principal
artisan de la réforme controversée, n’y changera pas grand-chose. Pour les
Français, dans leur immense majorité, l’information révélée par le Monde sur
ses « dix mandats non déclarés » n’est qu’une étape supplémentaire de la
faillite morale de la classe dirigeante, après les affaires DSK, Cahuzac,
Thévenoud, etc. Le message, tel qu’il est ressenti par les Français, est
tragique, répétitif, obsessionnel : tout est permis à une petite caste
privilégiée qui s’arroge le droit d’imposer des sacrifices aux autres.
Pour
l’équipe dirigeante, la partie est déjà perdue, quelle qu’en soit l’issue. Pas question de reculade, dit-elle, car ce serait la
fin du quinquennat. Un tel discours exprime toute la perversité d’un système
politique centré sur le culte de l’ego : l’objectif suprême serait ainsi de «
réussir le quinquennat » plutôt que de servir la France… Mais les autres
scénarios ne sont pas meilleurs. Vider la réforme de toute substance pour
apaiser la colère tout en sauvant la face ? Nul ne sera dupe. Alors une victoire
par le pourrissement ? Possible, mais l’amertume et l’humiliation cumulées se
traduiront, pour les mois et les années à venir, par un climat de défiance et
de guérilla permanente qui achèvera de ruiner et déstabiliser la fin de mandat.
Et symboliquement, les Français ne pardonneront jamais à une équipe au pouvoir
d’avoir troublé la période des fêtes, un moment sacré de répit et de concorde
dans la mythologie nationale, cette dimension cruciale des événements qui
semble échapper aux élites dirigeantes.
Après un tel
désastre, qui croire et qui écouter dans la tempête ? Les oppositions sont,
elles aussi, en pleine déconfiture. Les « extrêmes » ne cessent de faire
naufrage dans les extravagances et les provocations. Mais, la droite dite de «
gouvernement » ne brille pas non plus par sa cohérence et son unité. Sur la
tragédie que vit la France, elle est inaudible : pas un mot de compassion pour
les usagers dans la galère, pas une voix pour exiger du pouvoir qu’il mette fin
sans délai au déchirement de la nation, pas une parole pour dénoncer sa
mortelle dérive narcissique et la prise en otage du pays pour une affaire de
posture, l’illusion de l’autorité autour d’une réforme fantôme. La France
est plongée dans le chaos et les ténèbres d’un néant
politique sans aucun précédent.
En pleine crise de confiance, le pays est orphelin d’une autorité morale
supérieure, d’une sagesse visionnaire et rassembleuse qui lui fait tant défaut
aujourd’hui.
La mission suprême du pouvoir politique est d’assurer la paix civile et
la cohésion nationale.
Tout le reste est accessoire. Il n’est qu’une issue honorable à une telle crise
: le retour devant les urnes, la question de confiance posée au peuple, par des
législatives anticipées ou un référendum. Mais pour cela, il faudrait que deux conditions se trouvent
réunies : le sens de l’État et la vision de l’histoire."
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Monsieur Macron cessez de vous comporter comme un enfant gâté et hautain. Ecoutez le peuple, faites preuve de bon sens et mettez votre intelligence à son service plutôt qu'à satisfaire votre ego. Faute de quoi ce peuple que vous méprisez saura vous le faire payer d'une manière ou d'une autre dans les mois ou années à venir.
" Moi aussi, comme vous, je n'adore que Dieu. Mais moi aussi, comme vous, j'aime surtout la France."
Charles de GAULLE
samedi 14 décembre 2019
FIER DE LIRE VALEURS ACTUELLES
" Le but de la démocratie n'est pas de s'entendre mais de savoir se diviser."
Alfred SAUVY
Une rubrique rafraîchissante de Denis Tillinac parue dans Valeurs actuelles, magazine honni par la bien-pensance médiatique pour qui, hors Le Monde, Marianne, l'Obs, La Croix et le les journaux d'actualité de FR3, tout est réactionnaire, facho catho, homophobe, islamophobe, conservateur, voire fasciste .....!! La police de la pensée est en marche et envahit jour après jour le monde médiatique.
Comme Denis Tillinac je suis heureux de lire ce magazine pour qui avoir une opinion différente du politiquement correct n'est pas un délit, aimer la France est une évidence, défendre la famille un devoir, dénoncer les fausses informations un droit démocratique et écouter ses contradicteurs une obligation également démocratique.
Fier d'écrire dans Valeurs actuelles
"Vous écrivez dans Valeurs actuelles, me dit-on ici ou là sur le ton suspicieux d'une dame
d'œuvre qui aurait surpris un sacristain feuilletant les pages d'une revue
porno. L'entretien donné par le président Macron à cet hebdomadaire réputé
“très” à droite semble avoir aggravé son cas. Avis aux lecteurs :
planquez-vous pour lire Valeurs actuelles, la police des mœurs est
sourcilleuse par les temps qui courent !
Je pourrais me défausser en arguant que
j'ai, au long des décennies, donné des chroniques dans les journaux les plus
divers - le Figaro, la Dépêche du midi, le
Monde, la Montagne, l'Obs, les Nouvelles
littéraires, Marianne et même l’Humanité, une
fois, pour commenter une joute rugbystique.
Je pourrais ajouter que
ma plume ne vaut engagement à aucune cause au-delà du contenu validé par ma
signature. Ce serait se dérober devant l'obstacle ; en l'occurrence une
réputation sulfureuse de Valeurs actuelles dans les cercles
les plus cléricaux, les plus manichéens, les plus obtus d'une gauche où par
ailleurs je compte nombre d'amis. N'ayant jamais de ma vie adhéré à un parti,
un syndicat, une secte, une maçonnerie, je serais forcément tricard dans un
organe tant soit peu corseté par une idéologie.
Tel n'est pas le cas
de Valeurs actuelles qui héberge ma prose, et j'en suis ravi.
Animée par Geoffroy Lejeune, la rédaction est à son image : jeune,
bouillonnante et politiquement fort hétérogène. Mon vieil ami François
d'Orcival y incarne la permanence et la sagesse ;
c'est lui qui, le premier, m'en a ouvert les portes, il y a longtemps déjà. La
dominante est plutôt catho, au sens large du terme, avec une tendance à
privilégier la défense et l'illustration des fondamentaux de notre
civilisation. Ça me va. Certains sont fascinés par Macron, d'autres par Marion.
Ça les regarde. L'air du temps les intéresse, c'est inhérent à leur métier et
on trouve au fil des numéros des entretiens avec Mme Schiappa, Houellebecq,
Onfray, Finkielkraut, qui ne sont pas des casques à pointe.
En réalité, ils ont
l'idéalisme de leur âge et ça me rafraîchit les neurones. Mon gaullisme en
indispose sûrement quelques-uns, ainsi que mon apologie (nuancée) de la culture
rad-soc d'Occitanie lors des obsèques d'Évelyne-Jean Baylet (ma première
patronne dans la presse) et de Maurice Faure. Mais je n'ai pas essuyé la
moindre remarque : à Valeurs actuelles, la liberté d'expression
n'est pas un mot creux de congressistes “républicains”.
La rédaction lève des
lièvres bien planqués et impose dans le domaine public des débats que les
coteries médiatico-politiques s'obstinent à occulter. D'où la diabolisation,
laborieuse à vrai dire, d'une “droite” polyphonique qui ne se résume pas à la
promotion des idées libérales. Droite “réac” à l'aune de la bigoterie ambiante
; en réalité, parti pris plutôt conservateur quant à la préservation d'un
héritage mental, spirituel, intellectuel, esthétique, menacé par les vents
mauvais de l'histoire. Chacun s'y emploie avec son tempérament propre et
l'enthousiasme des bretteurs de Valeurs actuelles me
réconforte, ils aiment la France, ils aimeraient qu'elle fût plus fastueuse,
plus généreuse et plus printanière. Moi aussi. Il leur manque juste d'avoir
connu la terreur communiste, l'incurie de la IVe République et la philosophie
de la déconstruction pour inscrire nos soucis nationaux dans l'immense
chambardement qui partout ratiboise les cultures, rétame les identités et
promet une version plus ou moins soft du Meilleur des mondes de
Huxley.
Parce qu'ils sont
fougueux et impatients, ils croient peut-être encore qu'existent des solutions
politiques à la mutation historique la plus radicale depuis l'apparition de
l'écrit et du bâti sur la terre des hommes. Pour autant, leur combat est le
bon, parce qu'il vient du cœur et vise les étoiles au lieu d'avaliser
l'émancipation des ego. Ils sont pleins d'idéal, ils ont mille fois
raison et il me plaît, au crépuscule de mon parcours de gâcheur d'encre, de me
ranger à leurs côtés. Tant pis si on me traite de “réac”. Ou tant mieux.
Réac : en réaction - viscérale et réfléchie - contre les tendances lourdes de
cette vilaine époque".
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A faire lire aux zélés représentants de la police des mœurs et de la pensée, tel actuellement son bras armé médiatique, le bouffon crétin Yann Barthès, qui sévit tous les soirs depuis trop longtemps sur les antennes d'une télévision privée (TMC) avec pour cible préférée Valeurs actuelles qui a eu l'outrecuidance de dénoncer avec force détail la partialité des reportages, l'utilisation sans vergogne de "fausses nouvelles" et la manipulation systématique de l'information. Le triste sire Barthès "pris les doigts dans le pot de confiture"n'a pas du tout apprécié, y voyant une attaque malveillante contre son juteux fond de commerce.
" Le journalisme, c'est un métier où l'on passe une moitié de sa vie à parler de ce que l'on ne connaît pas, et l'autre moitié à taire ce que l'on sait."
Henri BERAUD
mercredi 4 décembre 2019
POUR QUE VIVE LA FRANCE.
" Tout ce qui se perd est à jamais perdu."
Charles PEGUY
Poème écrit par le capitaine Clément Frison-Roche, alors élève officier à St. Cyr, mort pour la France au Mali le 26 Novembre 2019. Il a été élevé au grade de chef de bataillon et fait officier de la Légion d'Honneur, le 2 décembre, jour anniversaire de la victoire d'Austerlitz.
POUR QUE VIVE LA FRANCE
" Ainsi, toujours poussés vers une étrange quête
Nos pères s'en allaient-ils bravant la destinée,
Tantôt l'air abattu par le poids des conquêtes,
Tantôt l'air guilleret de leurs jeunes années.
Sur les champs de bataille, côtoyant la laideur,
Ils connaissaient la vie et ses plus tristes heures,
Pas un ne regrettait mais tous avaient au cœur
Ce que signifiait mourir au champ d'honneur.
Du plateau de Pratzen où la brume se fane,
Des tranchées de Verdun aux rizières du Tonkin,
Par delà le Djebel et les vallées afghanes,
La souffrance et la peur était leur quotidien.
Mais pour que vive la France et la gloire de son nom,
Ils portèrent au front son prestigieux emblème,
Et subissant l'affront jusqu'à celui suprême,
Ils tombèrent en héros sous le feu des canons.
Les yeux levés au ciel implorant le pardon,
Leurs corps meurtris exhibaient une douleur extrême,
Et dans l'ultime soupir sur leurs visages blêmes,
Leurs lèvres murmuraient ce cantique moribond :
"Oh tendre France, douce gardienne de mon baptême,
Prenez ici ma vie, je vous en fait le don,
Veillez sur ma famille et tous les gens que j'aime,
Et rendez je vous prie mon sacrifice fécond..."
Toi France, ingrate mère à la parure ternie,
Laisseras-tu leurs cris se perdre dans la nuit ?
Ils t'ont donné leur cœur, ils t'ont donné leur vie,
N'est-ce pas révoltant que nul ne les envie ?
A tes illustre fils tombés pour la patrie,
Plutôt que souvenir tu préfères l'oubli,
A tes jeunes enfants disparus aujourd’hui,
Plutôt que bienveillance tu préfères le mépris.
Qu'adviendra t-il de nous ta jeune génération?
Parmi les injustices de tes institutions,
Et les désintérêts de ta population
Ne saurons-nous jamais où part ton attention?
Quel sort réserves-tu à ceux qui serviront ?
Nulles considérations, seules quelques concessions !
Pourtant tu le sais bien, nous qui te chérissons,
Nous ne demandons rien qu'un peu de compassion !
Et s'il m'advenait un jour de périr en ton nom,
Ce serait avec foi mais non sans une question,
Pour que revive France et la gloire de son nom,
Je te lancerais sans haine ce dernier affront,
Tandis que mon chant du cygne, funeste merveille,
Pareil au flot gémissant de mon sang vermeil,
Fera couler ces mots aux milles résonances :
"France, ma France, qu'as tu fait de ta
reconnaissance ?"
Aspirant FRISON-ROCHE
**********
" Chaque pas doit être un but, en même temps qu'il nous porte en avant."
GOETHE
lundi 2 décembre 2019
Jacques JULLIARD : LE DÉBAT DÉMOCRATIQUE
" Le but de la démocratie n'est pas de s'entendre mais de savoir se diviser".
Alfred SAUVY
"Les Français sont connus dans le monde entier pour
pratiquer avec délectation deux arts de société majeurs, en apparence fort
contradictoires, mais souvent complémentaires, celui de la conversation ; celui
de la guerre civile. Armagnacs contre Bourguignons, catholiques contre
protestants, frondeurs contre mazarins, révolutionnaires contre monarchistes,
louis-philippards contre quarante-huitards, versaillais contre communards,
pétainistes contre résistants, soixante-huitards contre gaullistes : la liste
de nos guérillas passées est longue et incomplète, elle est loin d’être close. Qui ne voit que ce qui est en train de se mettre en place autour de l’islam
et de la laïcité est gros d’un
nouvel épisode de guerre civile,
avec, dès maintenant, le coefficient de haine nécessaire à l’embrasement? Je
vais y revenir.
Les formes du débat
Mais auparavant, pendant qu’il en est temps encore,
attardons-nous un peu sur cet art de la conversation, qui fit la grandeur
intellectuelle et le rayonnement de la France, notamment au XVIIIe siècle: il
est en train de dépérir à nos yeux sous les coups combinés de la télévision et
d’internet, avec le cortège des réseaux
sociaux, véritables moulins à paroles qui ont
pour caractéristique essentielle, l’anonymat aidant, de mettre sur un strict
pied d’égalité les gens de bonne volonté et les haineux, les intelligents et
les imbéciles. Le malheur, c’est que ce ne sont ni les gens de bonne volonté,
ni les gens intelligents qui y tiennent le haut du pavé. Cette démocratie
directe ou semi-directe est d’abord et avant tout une démocratie permanente. Le
Parlement prend des vacances, les réseaux sociaux jamais. Ce flux continu de
jugements abrupts, d’invectives et d’insultes est en train de tuer sans
rémission l’art français de la conversation. Se jeter à la tête des arguments
massue n’est pas une manière civilisée de débattre, ce n’est qu’une variante
symbolique de l’art de s’entre-tuer. C’est toute la différence que fait Platon
notamment dans Le Ménon entre l’éristique, c’est-à-dire le débat dont
le but avoué est la victoire à tout prix, et la dialectique qui a pour objet de
faire avancer, non l’un des protagonistes au détriment de l’autre, mais l’objet
du débat lui-même, avec la collaboration, sur le mode alternatif, de l’un et de
l’autre.
L’art de la conversation obéit à des
règles et à des rituels
« Pourquoi, demande un personnage de Claudel dans
les Conversations dans le Loir-et-Cher, au lieu d’opposer des personnages qui
heurtent sans se les pénétrer des thèses antagonistes, ne montrent-ils pas
l’idée qui passe comme une flamme d’un esprit à un autre et se développe en un
jeu de propositions alternées ? C’est comme la navette sur un métier. » Dans le
premier cas, la nature des arguments importe peu, pourvu qu’ils produisent
l’effet destructeur recherché ; dans le second, au contraire, elle est
capitale, car de la nature des arguments choisis dépend la qualité de la
solution retenue.
L’art de la conversation obéit donc à des règles et à
des rituels. La scolastique médiévale connaissait la disputatio, débat
organisé entre plusieurs interlocuteurs, qui, sous la direction d’un maître,
présentaient les arguments pour et contre sur une question formulée à l’avance,
à jour et à heure fixes, devant un public rassemblé à cet effet. La disputatio était
en somme une technique d’enseignement, voire de recherche, faisant valoir la
culture, la réflexion et l’ingéniosité des participants.
Les salons
D’une certaine manière, il en allait de même de la
conversation dans les salons, dont la célèbre « chambre bleue », de la
marquise de Rambouillet, qui joua un si grand rôle au milieu du XVIIe siècle
dans l’évolution de la langue française. Elle servit de modèle aux salons du
XVIIIe siècle, où, sous la tutelle de femmes d’esprit comme Mme Geoffrin, Julie
de Lespinasse ou Mme de Tencin, les célébrités littéraires ou philosophiques de
l’époque, telles Diderot, Helvétius, Marivaux, les frères Grimm, d’Alembert,
d’Holbach, etc. venaient échanger et ont, d’une certaine manière, préparé la
Révolution française. Cet art du salon s’est perpétué jusqu’à la IIIe République
incluse. Et le Parlement, le lieu où l’on parle, qu’est-il donc sous la
monarchie censitaire (1815-1848) sinon un salon où Chateaubriand, Bonald,
Royer-Collard, Benjamin Constant ou le général Foy discutaient des affaires du pays
?
Il n’est pas surprenant que le déclin de l’art de la conversation au profit
du débat télévisé, qui en est la négation, soit allé de pair avec celui du
système parlementaire
Qu’est-ce à dire, sinon que l’art de la conversation,
qui a accompagné dans la France moderne le développement du régime
parlementaire, a été l’un des moyens de passer d’un système belliqueux, si
ancré dans la mentalité nationale, à un système civilisé, où devant une
question donnée, on fait l’économie de la phase armée du conflit pour en venir
directement aux pourparlers, c’est-à-dire, comme le nom l’indique, à la
conversation des différentes parties afin d’arriver à un accord ?
Il n’est donc pas surprenant que le déclin de l’art de
la conversation au profit du débat télévisé, qui en est la négation, soit allé
de pair avec celui du système parlementaire, déclin qui est un fait général sur
toute la surface de la planète. De la démocratie proprement dite, nous avons
longtemps joui du meilleur : liberté, civilité, pacifisme ; il nous faut
maintenant goûter à ses fruits empoisonnés.
Un été indien de la démocratie
Il y eut pourtant dans la dernière décennie du XXe
siècle, entre la chute du mur de Berlin (1989) et la destruction des tours du
World Trade Center (2001), une parenthèse enchantée où les idéologies s’étant
tues, les bouches s’ouvrirent, et où tout le monde se mit à parler à tout le
monde ou presque. L’effondrement de la machine de guerre froide et du
dogmatisme stalinien s’accompagna d’un brusque regain de confiance dans les
vertus du dialogue. Un continent entier, l’Amérique latine, basculait dans la
démocratie. En Russie, en Chine, les signes de libéralisation se multipliaient.
Ce furent nos années Fukuyama. Les vieilles dogmatiques, qui ne désarment
jamais, les regardent avant tout comme le triomphe du capitalisme, mais c’est
faux. Aujourd’hui où le temps se rafraîchit à toute allure, le capitalisme est
plus puissant, plus omniprésent, plus hégémonique que durant les années de la détente
: en témoigne la Chine. En réalité, ce que nous venons de vivre était tout simplement
l’été de la Saint-Martin de la démocratie et son remplacement par une
caricature dénommée populisme.
Il fallait à cette nouvelle guerre froide - en
attendant pire - un carburant nouveau, ce fut l’islamisme. Nous avons vécu
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et le triomphe des démocraties sur
les fascismes, trois glaciations successives : le stalinisme, le maoïsme et
désormais l’islamisme.
La guerre civile donc, c’est une
conversation qui tourne mal
De nouveau donc le débat est devenu impossible et tenu
pour une forme de compromission avec l’ennemi. À mesure que les voix de
l’intolérance, islamisme, indigénisme, communautarisme sexiste, se font de
nouveau entendre, la parole cesse d’être libre, le débat tourne au pugilat ;
l’intimidation tient lieu d’argument.
La troisième glaciation
Je ne reprendrai pas ici l’énumération de tous ceux
qui ont été victimes des formes nouvelles de terrorisme intellectuel, de Sylviane
Agacinski à François
Hollande, en passant par Alain Finkielkraut, Mohamed
Sifaoui et bien d’autres. Je note pourtant deux
choses : ce néofascisme où l’on fait l’autodafé des livres vient, non de
l’extrême droite, mais de l’extrême gauche, et elle a pour théâtre, ce n’est
pas tout à fait un hasard, le lieu même où naquirent la disputatio médiévale,
comme l’esprit critique et l’antiracisme : l’université. C’est pour l’esprit un
scandale qui n’a pas de précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, à
l’exception de Mai 68. La confusion de la science et du militantisme politique
n’est pas seulement un crime contre les droits de l’homme, c’est un recul de la
civilisation.
La guerre civile donc, c’est une conversation qui
tourne mal. Mais pourquoi tourne-t-elle mal ? Parce qu’elle est arbitrée par la
morale. Que l’on s’entende bien : je ne suis pas en train de prôner une
politique amorale, cynique, sans programme avouable. Bien au contraire. Mais la seule morale acceptable en politique n’est pas celle que l’on inflige à
autrui, mais celle que l’on s’applique à soi-même. Celle-ci est morale, celle-là n’est que cette
substance toxique que Nietzsche avait baptisée moraline, et qui consiste à se
servir de la morale pour abattre l’adversaire.
À bas la moraline !
Pourquoi cette épidémie ? Parce que la moraline
est fille du populisme, c’est-à-dire du refus des règles de la démocratie
formelle, et des règles de la pensée tout court. Si vous n’avez pas de règle
commune acceptée a priori par les deux parties, si donc vous refusez les règles
formelles de la rationalité, principe d’identité (A est A) ; principe de
non-contradiction (A n’est pas non-A) ; principe du tiers exclu (si Socrate
n’est pas mort, il est vivant), il ne vous reste plus qu’à exterminer
l’adversaire. Or à ces principes de rationalité formelle, le dogmatisme
n’oppose que la règle d’autorité (le parti a toujours raison, Allah est Dieu et
Mahomet est son prophète). Pour le fanatique, si vous n’acceptez pas les
principes d’autorité, ce n’est pas parce que vous êtes dans l’erreur, c’est
parce que vous êtes dans le mal. Voilà pourquoi la liberté politique et ce que
j’ai appelé la conversation entre deux parties en désaccord exigent
nécessairement et sans réserve le respect du principe de laïcité.
Que la gauche prenne garde, elle est en train d’être
manipulée par les trafiquants de la morale
C’est ainsi que j’ai été profondément scandalisé par
la participation de Jean-Luc Mélenchon et d’une partie des siens à une
manifestation contre la prétendue « islamophobie » de la part de
militants islamistes et dogmatiques. N’eût-il dit qu’une phrase, une seule,
contre le terrorisme, une phrase pour reconnaître que le meurtre de quatre
agents de la Préfecture de police était aussi grave qu’un attentat contre une
mosquée ou l’interpellation par un quidam d’une femme voilée, que l’on aurait
pu comprendre. Mais non. Rien de la part des organisateurs, rien de la part de
Mélenchon, qui ce jour-là s’est rayé définitivement lui-même du nombre des
démocrates. C’est un moment grave, un tournant grave dans notre histoire de la
démocratie que celui où un élu du peuple, un ancien ministre de la République a
accepté de défiler silencieusement sous les slogans scandés et réglés par les
organisateurs d’Allah Akbar ! Honte à vous Mélenchon.
Une seule morale politique : la loi
La République laïque et démocratique n’accepte qu’une morale, qui est le
respect de la loi et des institutions qui la protègent : le Parlement, la
justice, l’école et l’université.
Les droits de l’homme doivent être respectés non parce qu’ils seraient plus «
moraux » que d’autres principes, mais parce qu’ils sont notre loi commune,
reconnue dans une déclaration solennelle et sacrée et non dans une déclamation
opportuniste et partisane. Longtemps, j’ai reproché à la droite de préférer
l’autorité d’une morale particulière, le cléricalisme, à une loi universelle.
Qu’on le sache bien : je ne vais pas changer de principe parce qu’une partie
des miens a tourné casaque et que de catholique qu’il était le cléricalisme est
devenu islamiste, avec la terreur en plus. Que la gauche prenne garde, elle est
en train d’être manipulée par les trafiquants de la morale. Quand j’ai appris
que le Parti socialiste allait demander au CSA une enquête sur des propos
d’Alain Finkielkraut, en vue de la suppression de son émission sur une chaîne
publique, pour s’être, par antiphrase, accusé de viol, j’ai pensé que la
lâcheté n’avait pour concurrent dans nos sociétés que la bêtise ; et aussi
qu’une figure de style peut désormais vous conduire devant les tribunaux.
L’ombre moralisante qui rôde autour de nous - voyez encore le projet de Conseil
de déontologie journalistique - porte un nom dans notre histoire : cela
s’appelle le pétainisme.
Voilà pourquoi lorsque l’art de la conversation est
empêché par la sottise et l’intolérance, rendant le débat impossible, ce n’est
pas seulement un art de vivre qui est en cause, mais le principe de la
civilisation elle-même. Quand la conversation selon Madame de La Fayette cède
le pas à la mascarade façon Cyril
Hanouna, quand les dealers de la morale
tiennent le haut du pavé et prétendent imposer silence à leurs contradicteurs,
le despotisme pointe le nez sous les oripeaux de la démocratie. Ces trafiquants
sont la pointe avancée de l’armée terroriste.
Il
faut que toutes les formes de l’intelligence, avec toutes les armes qui sont
les siennes, s’opposent sans esprit de recul à la guerre civile qui se prépare".
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Beaucoup de lucidité et d'élégance dans cette analyse de très haut niveau. Mais aussi beaucoup d’inquiétude pour notre démocratie malmenée chaque jour un peu plus...
"Le démon de notre cœur s'appelle : "A quoi bon !".
Charles PEGUY
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