" En France, quand ça va bien on va au bistrot et quand ça va mal on va à Notre-Dame. Et quand ça va très mal on va mettre un cierge! ".
Philippe de VILLIERS
Alors que la curée politico-médiatique agite le petit monde des politologues, "experts en tout mais surtout en n'importe quoi", et des "politichiens" de tout poil, traîtres sans scrupule dès qu'un vent contraire (à leurs intérêts...) se lève, il est rassurant d'écouter ceux qui savent dominer leur déception, voire leur colère, et analyser posément la situation avec bon sens, honnêteté et discernement dans la certitude de jours meilleurs. Monsieur Hervé Mariton, ancien député, est de ceux là. Sa Tribune dans le Figaro de ce jour mérite notre attention : "Les dirigeants des Républicains ont-ils encore de vraies convictions ?" .
Quelques extraits :
Réf. : Le
Figaro 10 juin 2019, Tribune d’Hervé Mariton
"Le crédit de la droite est aujourd’hui bien faible et elle l’abîme
encore par un goût morbide pour le reniement.
D’abord le reniement des hommes, quand le directeur de la campagne européenne
insulte le lendemain ceux qu’il servait la veille ; quand le leader des
Républicains aura concentré les critiques, alors qu’il ne méritait sans doute
ni cet excès d’honneur, ni cette indignité. Il serait temps, proclame-t-on, de
laisser la place aux jeunes, alors même que Laurent Wauquiez s’était
entouré d’une équipe jeune (ce fut un critère dans ses choix, et peut-être une
qualité) mais qui n’a manifestement pas suffi à retrouver les électeurs perdus.
Surtout le reniement des idées.
La procession d’autodafé a commencé sitôt
l’élection présidentielle et ne s’arrête pas" …….
……… "Dès
la défaite consommée, la droite a abjuré ses convictions économiques. Les
positions contre les privatisations, pour l’augmentation du smic, le discours
antilibéral et protectionniste, la critique de l’allègement de la fiscalité du
capital mobilier sont venus contredire tout ce que nous avions, collectivement
et solidairement, affirmé depuis des années.
Nos convictions sont-elles si
peu solides ? Ou si ce n’est pas affaire de conviction instable, serait-ce que
nous n’aurions pas été, ou ne serions pas, aujourd’hui, sincères ? Le procès en
manque de sincérité a assurément fait du mal à la droite. Je ne sais pas sonder
les reins et les cœurs des responsables, mais les tête-à-queue idéologiques
justifient l’impression des électeurs " …….
……… "François-Xavier Bellamy est
conservateur sur les questions de société. Pour moi, ce n’est pas
une insulte. C’était de l’avis de beaucoup un excellent candidat. Voilà les
élections européennes passées, et ces idées il faudrait les abjurer, parce
qu’elles seraient la cause du malheur électoral et sans doute en elles-mêmes
mauvaises. De même, la question de l’identité serait, la veille, un enjeu
essentiel et une erreur le lendemain ?
Prenons garde à ne pas perdre le peu d’électeurs
qui nous restent. Changer de mode n’est pas une difficulté si c’est de mode
qu’il s’agit. Mais quand on partage le diagnostic et ses conséquences sur la
crise de la transmission, sur une question si forte, aux implications si
lourdes, comment trahir sa pensée si vite ? Loin
de moi l’idée que la droite devrait être rigide. La transmission, la tradition
même (tradere signifie « transporter » en latin) sont mouvement. Mais ces
reniements de la droite ne sont pas dans le mouvement intelligent, nécessaire,
légitime. Ils sont,
pour reprendre Houellebecq, dans «la soumission » aux idées d’autres
familles de pensée. Ils sont évidemment si peu sincères qu’ils peuvent être
reniés à leur tour. Jusqu’à n’être rien.
Que
faire ? Que dire ? Quel projet ? Oui,
la réponse est difficile. La politique n’est pas faite que de raison ;
elle est aussi faite d’émotion. Il faut travailler, il faut oser, il faut
proposer ; fonder notre projet si ce n’est sur la sincérité, qu’on ne peut
prouver, du moins sur la cohérence, qui se voit, s’entend, se prouve. L’édifier
en traçant une perspective, avec des propositions.
Avec la tentation de la
facilité vient celle du mutisme. C’est largement le cas sur les enjeux
essentiels de l’écologie. Ne se retrouvant ni dans le déni inconscient, ni dans
l’écologisme dur (la « deep ecology » des Américains), ni dans sa récupération
gauchisante, notre famille politique se tait.
En vérité, je crois qu’il y a une réponse hors
du reniement, de la facilité ou du mutisme, c’est l’équilibre.
La droite doit être à la fois passionnée et modérée, inspirée et raisonnable,
pragmatique et ambitieuse, reconnaissante et moderne.
Au fond la droite se
connaît, hors des zigzags de circonstance. Refusant le statu quo, qui comme le
rappelle Alexandre Soljenitsyne est « le signe d’une société arrivée au bout de
son évolution », ne cédant pas à l’ingratitude dénoncée par Alain Finkielkraut,
appréciant le progrès sans en faire un totem, servant le peuple sans en faire
un tyran, ouverte au monde sans oublier l’Europe, l’Europe
sans oublier la France, patriote sans être xénophobe.
L’équilibre est une valeur de droite.
Assumons alors d’être conservateurs sans être réactionnaires,
d’être libéraux en étant enracinés.
Je suis conscient des
difficultés de cet équilibre. »……..
………. "Le politiste David
Goodhart aborde l’idée d’un populisme
convenable (décent) et d’un libéralisme éclairé, de somewheres (de
quelque part) dynamisés et d’anywheres (mondialisés)
ancrés. Sans doute la société française est-elle aussi fractionnée dans le même
constat initial de deux tribus opposées. Si la politique n’est pas que
démagogie mais aussi pédagogie, si elle n’est pas qu’un constat mais aussi un
projet, le projet de la droite peut être de tirer ces « tribus » vers le ciel
du monde et la terre des racines. Je ne sais pas si ce message peut gagner, je
suis même sûr que ce n’est pas facile. Mais existe-t-il une autre voie, juste
et heureuse ?
Ce serait une grave erreur
d’oublier d’être libéral et conservateur. "
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Écoutons la voix de la sagesse au milieu de ce concert de vociférations, de haine, de propos revanchards, de jugements définitifs et erronés, tout cela savamment distillé par des médias aux ordres attirés par l'odeur du sang et des gourous appointés par des officines aux éléments de langage issus "des milieux bien informés" selon la formule journalistique qui ne trompe personne.... Le bon sens et la raison finiront par l'emporter, comme l'histoire agitée de notre pays nous l'a toujours montré.
"Je me suis déjà mis à la place d'un handicapé, surtout à celle de parking".
Gaspard PROUST
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